Le Togo franchit une nouvelle étape dans sa transition institutionnelle avec l’installation officielle du Sénat. Ce mercredi 2 avril 2025, Barry Moussa Barqué a été élu premier président de cette deuxième chambre du Parlement togolais, pour un mandat de six ans. Figure incontournable du paysage politique national, il dirigera un bureau composé de neuf membres.
L’élection de ce bureau marque l’aboutissement du processus d’installation du Sénat, initié suite à la réforme constitutionnelle d’avril 2024, qui a consacré le passage du pays à un régime parlementaire. Après un mois de travaux depuis l’ouverture de la session inaugurale le 6 mars 2025, les sénateurs ont également adopté leur règlement intérieur, fixant ainsi les bases du fonctionnement de l’institution.

Composé de 61 sénateurs : 41 élus et 20 nommés par le Président de la République, Faure Essozimna Gnassingbé, le Sénat entamera sa première session ordinaire dès le jeudi 3 avril. L’équipe dirigeante, censée représenter les différentes sensibilités du pays, comprend notamment trois vice-présidents : Mme Kouvahey Amoko Holadem, Diogo Koudjolou et Olympio Adeblewo Kossi. Le bureau est complété par deux questeurs, Mally Komlan et Mme Banybah Afiwavi Vicenzia, ainsi que trois secrétaires parlementaires, Mme Abougnima K. Molgah, Tchassona Traoré Mouhamed et Amelete Bawoumondom.
La nomination de Barry Moussa Barqué, proche du pouvoir et ancien Grand Chancelier des Ordres Nationaux, ne constitue pas une surprise. Il succède à Koudjolou Dogo, qui assurait l’intérim en tant que doyen d’âge. Cette élection suscite néanmoins des interrogations sur l’indépendance effective du Sénat. Dans un contexte où l’Assemblée nationale est dominée par l’Union pour la République (UNIR), le parti au pouvoir, certains observateurs redoutent que cette chambre haute ne se transforme en un simple organe d’accompagnement du gouvernement, plutôt qu’en un véritable contrepoids institutionnel.
Toutefois, cette nouvelle configuration politique ouvre une ère inédite dans l’histoire parlementaire du pays. La structuration du Sénat et ses premières décisions seront scrutées de près par l’opposition et la société civile, qui attendent de voir si cette institution jouera un rôle actif dans le débat démocratique.
L’installation du Sénat intervient à un moment charnière, alors que le pays se prépare à l’élection du Président de la République. Cette première session ordinaire sera donc déterminante pour asseoir l’influence et le positionnement de la nouvelle chambre parlementaire dans l’architecture institutionnelle du Togo.
Par César S.