La 57e session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique de Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) s’est tenue le 7 septembre 2020 à Niamey, en République du Niger, sous la présidence de Issoufou Mahamadou, Président de la République du Niger et Président en exercice de la Conférence. Le chef de l’Etat togolais, Faure Gnassingbé a pris part aux travaux dominés par la situation au Mali, la covid-19 et l’élection du président du Ghana à la tête de la Conférence des chefs d’Etats et de Gouvernement de la Communauté.
Au cours de leurs travaux, les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont pris acte du Rapport intérimaire 2020 du Président de la Commission, ainsi que des rapports de la 44ème session ordinaire du Conseil de Médiation et de Sécurité et de la 84ème session ordinaire du Conseil des Ministres de la CEDEAO. Ils ont également pris note de la présentation de rapports spéciaux portant, l’un, sur la situation de la COVID-19 présenté par S.E.M. Muhammadu Buhari, Président de la République Fédérale du Nigéria, et Champion de la lutte contre la COVID-19 dans la région, et l’autre, sur le Programme de coopération monétaire de la CEDEAO.
Les chefs d’Etat ont salué la qualité des rapports présentés et la pertinence des recommandations qui les accompagnent, visant à créer les conditions favorables à la consolidation du processus d’intégration économique et monétaire et au renforcement de la stabilité politique, de la paix et de la sécurité au sein de la région. La Conférence s’est préoccupée du faible taux de mobilisation des ressources financières du prélèvement communautaire. Elle exhorte particulièrement tous les Etats membres à se mettre à jour de leur contribution.
Afin de consolider les acquis enregistrés dans le cadre du processus d’intégration et de favoriser l’émergence d’une région inclusive, où règnent la paix, la sécurité et la prospérité, la Conférence a pris plusieurs décisions :
LA SITUATION DE LA COVID 19
La Conférence note la bonne gestion de la COVID-19 par les Etats membres qui se traduit par les améliorations enregistrées en ce qui concerne la maitrise de la pandémie dans la région, suite aux mesures fortes mises en place par les Etats membres. A ce titre, elle salue les efforts engagés par S.E.M. Muhammadu Buhari, par les trois comités ministériels de coordination pour la Santé, les Finances, le Transport et le Commerce, ainsi que par la Commission de la CEDEAO et l’Organisation ouest-africaine de la Santé (OOAS). Elle a exprimé toute sa gratitude au Champion, pour le leadership dont il fait montre afin d’assurer une riposte stratégique coordonnée, ainsi que pour le généreux soutien logistique accordé en vue de l’acheminement des fournitures médicales dans les Etats membres de la CEDEAO. La Conférence exhorte les Etats membres à poursuivre la mise en œuvre des mesures de lutte contre la Covid-19 afin de se prémunir contre une seconde vague de la pandémie.
En outre, elle insiste sur la nécessité de veiller à coordonner les efforts dans le cadre de la réouverture des frontières internationales afin d’assurer l’efficacité de la réponse régionale liée à la lutte contre la Covid-19, ainsi que des mesures prises pour le redressement des économies. A cet égard, les Chefs d’Etat et de Gouvernement approuvent la mise en œuvre immédiate des directives harmonisées concernant les protocoles en matière de transport transfrontalier, de commerce et de santé, dans le cadre de la pandémie de Covid 19 et des efforts de redressement dans la région, conformément aux recommandations des comités ministériels de coordination de la Santé, du Transport et du Commerce.
La Conférence exhorte les Etats membres, la Commission et l’OOAS à proposer une stratégie urgente pour la disponibilité de vaccins anti-COVID-19 dans notre Région. La Conférence demande aux Etats membres d’accorder la priorité à la production de médicaments dans la Région CEDEAO en soutenant la création d’industries pharmaceutiques. A cet effet, les Chefs d’Etat et de Gouvernement instruisent le Président de la Commission à constituer une équipe d’Experts pour conduire une étude de faisabilité sur la production de vaccins dans la Région.
LA PERFORMANCE ECONOMIQUE ET SOCIALE
Les chefs d’Etat notent l’impact de la pandémie de la Covid-19 sur la situation humanitaire de la région, avec des conséquences négatives pour les économies des Etats membres. Elle a relevé que cette situation est de nature à conduire à une récession et des difficultés financières pour la région. La Conférence instruit le Président de la Commission à soutenir les Etats membres dans leur quête pour une suspension du service de la dette en 2021. Elle instruit en outre la Commission à négocier la réduction du coût des transferts de fonds en provenance de la diaspora.
Ils exhortent les Etats membres à poursuivre les réformes économiques engagées et s’employer à mobiliser les ressources financières nécessaires à la mise en œuvre de leurs plans de redressement économique afin de minimiser l’impact social de la COVID-19, en particulier pour les groupes vulnérables. La Conférence demande aux Etats membres et à la Commission de préparer un plan de relance économique post-COVID-19 pour soutenir les activités dans la Région.
LA PAIX, DE LA SECURITE ET DE LA STABILITE POLITIQUE
La Conférence prend acte du rapport du Conseil de Médiation et de Sécurité au niveau ministériel, sur la situation politique et sécuritaire dans la région, ainsi que des recommandations qui y sont contenues.
Elle réaffirme son engagement en faveur de la promotion de la paix, de la sécurité et de la stabilité de la région, conditions préalables à l’intégration économique et au développement de la région.
LA SITUATION POLITIQUE DANS LA REGION
S’agissant de la situation au Mali, la Conférence réaffirme sa détermination à assurer un retour rapide à l’ordre constitutionnel dans ce pays, avec une transition politique dirigée par un Président et un Premier ministre civils pour une période de douze mois. Elle maintient l’ensemble des décisions prises lors de son Sommet extraordinaire tenu le 28 août 2020 et prend note des consultations en cours entre les acteurs maliens, initiées par le Conseil National de Salut du Peuple (CNSP). Les chefs d’Etat demandent que le Président et le Premier ministre de la transition, tous deux civils, soient désignés au plus tard le 15 septembre 2020. Ils se félicitent du départ du Président Ibrahim Boubacar Kéita pour des soins médicaux et lui souhaite un prompt rétablissement.
La Conférence félicite le Médiateur de la CEDEAO, Goodluck Ebele Jonathan pour tous les efforts déployés dans la recherche d’une solution politique durable au Mali.
Concernant la Guinée Bissau, les chefs d’Etats se félicitent des progrès enregistrés en ce qui concerne le fonctionnement des institutions notamment l’Assemblée nationale et le Gouvernement. En conséquence, ils décident du retrait de la Mission de la CEDEAO en Guinée Bissau (ECOMIB) et exprime toute sa reconnaissance aux pays contributeurs de troupes et d’éléments de police pour leurs efforts en faveur de la stabilisation de ce pays. Ils expriment également sa gratitude à l’Union européenne pour l’appui multiforme apporté à ECOMIB dès son déploiement en avril 2012. La Conférence réaffirme son engagement à accompagner le gouvernement Bissau Guinéen dans la réforme constitutionnelle ainsi que la réforme du secteur de la sécurité engagée par le pays.
Concernant la Gambie, les chefs d’Etat saluent les réformes politiques engagées en vue de la stabilisation du pays. Elle décide de proroger de six mois le mandat de la Mission de la CEDEAO en Gambie (ECOMIG) afin de lui permettre d’assurer un appui, notamment dans la réforme du secteur de la sécurité en cours dans le pays. Elle décide la transformation progressive de l’ECOMIG en une mission de police.
DES ELECTIONS DANS LA REGION
En ce qui concerne les prochaines élections présidentielles au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Ghana, en Guinée et au Niger, les chefs d’Etat notent avec satisfaction que la plupart des États membres ayant des élections en 2020, en seraient à leur cinquième ou sixième cycle électoral. Cela constituerait un test important de l’engagement de la région en faveur de la consolidation démocratique. Ils appellent les Etats membres à créer un environnement propice à la tenue d’élections pacifiques, inclusives et transparentes. La Conférence appelle les acteurs politiques à respecter les Institutions et les lois régissant le processus électoral dans leurs pays respectifs.
La Conférence instruit la Commission de la CEDEAO, conformément à la tradition, d’accompagner les pays dans leurs processus électoraux. En particulier, elle charge la Commission de continuer à déployer une assistance technique destinée à renforcer l’intégrité du processus électoral dans la région.
LA SITUATION SECURITAIRE DANS LA REGION
Les chefs d’Etat expriment leur grave préoccupation face à la fréquence des attaques terroristes dans la région, qui visent principalement les populations civiles, les forces de défense et de sécurité, le personnel humanitaire, les élus locaux et les chefs religieux et communautaires, faisant des morts et des blessés et provoquant des déplacements internes.
Ils condamnent fermement ces attentats terroristes et réaffirme sa détermination à éradiquer ce fléau dans la région. Elle exprime sa solidarité avec les populations et les gouvernements des pays touchés.
La Conférence salue les efforts considérables déployés par les États membres pour lutter contre le terrorisme et toutes les autres formes de criminalité transnationale organisée dans la région. Elle félicite l’UEMOA pour la contribution volontaire apportée à la lutte contre le terrorisme, tout en saluant la décision récemment prise par la République fédérale du Nigeria de contribuer à la mise en œuvre du Plan d’actions 2020 – 2024. Le Sommet exhorte les Etats membres qui ne l’ont pas encore fait à veiller au versement de leurs contributions volontaires. A cet effet, deux Chefs d’Etat seront désignés pour diriger le processus de mobilisation des ressources. La Conférence instruit la Commission à accélérer la mise en œuvre effective du plan d’actions de lutte contre le terrorisme qui doit prendre en compte la mobilisation de la force en attente.