La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO) a levé, le mardi 6 juin 2020, les sanctions qui pesaient sur le Mali au lendemain de la formation d’un gouvernement de transition composé de militaires, qui y tiennent plusieurs postes-clés, de membres de groupes armés, de technocrates et de quelques personnalités issues du M5.
Les chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO ont décidé de la levée des sanctions qui pesaient encore sur le Mali en évoquant des « avancées notables vers la normalisation constitutionnelle et pour soutenir ce processus ».
Cette décision annoncée le 5 octobre par le président ghanéen Nana Akufo Ado, président en exercice de la CEDEAO, a été rendue publique le mardi 6 octobre, quelques heures après l’annonce de la formation d’un gouvernement de transition, qui était l’une des conditions requises par la CEDEAO en préalable à la levée des sanctions.
Plus d’une semaine après la nomination du diplomate Moctar Ouane comme Premier ministre de la transition, la composition de son gouvernement a été rendue publique le lundi 5 octobre par le secrétaire général de la présidence, Sékou Traoré.
Composé de 25 membres dont trois membres du Comité national pour le salut du peuple (CNSP) qui a renversé Ibrahim Boubacar Keïta le 18 août, cet exécutif aux allures de gouvernement d’union nationale sera chargé de conduire la transition dans les dix-huit prochains mois. Outre ces trois officiers de la junte, le gouvernement compte un autre officier non issu de la CNSP.
LA CEDEAO DEMANDE LA DISSOLUTION DU CNSP
En annonçant la levée des sanctions, la CEDEAO a notamment « pris acte » de l’investiture de Bah N’Daw en tant que président de la transition et de la nomination de Moctar Ouane, un civil, comme Premier ministre. Elle a également noté que, dans la Charte de la transition publiée au journal officiel, les dispositions permettant au vice-président, en l’occurrence le Colonel Assimi Goïta de remplacer le président de la transition ont été retirées.
L’organisation régionales demande cependant aux nouvelles autorités de « mettre en oeuvre rapidement les autres décisions du sommet d’Accra le 15 septembre dernier, en particulier la libération de tous les officiels militaires et civils arrêtés le 18 août et la dissolution du CNSP ».
RETOUR SUR LA LEVEE DES SANCTIONS POLITIQUES ET ECONOMIQUES
Le président de la commission de la CEDEAO, Jean-Claude Kassi Brou explique plus en détail pourquoi les sanctions politiques et économiques contre le Mali, ont été levées : « Quand on évalue la situation, les actes de la transition ont été effectivement finalisés. Il s’agissait d’avoir un civil comme président de la transition et un Premier ministre civil de la transition ».
Concrètement, le trafic aérien va pouvoir reprendre. On pourra de nouveau voyager de Bamako vers les pays de la sous-région et vice versa. Les flux financiers reprennent également, c’est la fin du blocage économique.
Le nouveau Premier ministre malien, Moctar Ouane, a beaucoup contribué à cette levée des sanctions. Il est resté, ces derniers jours, accroché au téléphone avec des chefs d’État de la sous-région et il a participé à la prise de décisions, au Mali, facilitant cette levée des sanctions.
En outre, la publication de la charte de transition qui a tenue en compte les exigences de la CEDEAO autour des prérogatives du vice-président, chef de la junte, a également pesé dans la balance.
Désormais, l’institution sous-régionale a une autre préocupation : les personnalités civiles et militaires arrêtées depuis le coup d’État. « Cela fait pratiquement 48 jours qu’ils sont en détention. Nous avons eu le privilège de les rencontrer, ils sont en bonne santé, mais évidemment, il est important qu’ils puissent être libérés et qu’ils puissent retourner chez eux », dit Jean-Claude Kassi Brou.
Pour évoquer ce sujet, mais pour également marquer le soutien de la sous-région à la transition politique, le chef de l’État du Ghana, devrait faire un déplacement au Mali cette semaine.

QUI EST MOCTAR OUANE ?
Le nouveau Premier ministre malien Moctar Ouane, qui a pour principale mission de conduire le pays vers des élections présidentielle et législatives dans un délai maximum de 18 mois, est né le 11 octobre 1965 dans la localité de Bidi, située dans la région de Mopti, au centre du Mali.
Diplomate de formation, il a occupé d’importants postes au sein de l’administration malienne et au plan international.
De 1982 à 1986, il a occupé le poste de responsable des accords et de la division des conventions internationales au ministère malien des Affaires étrangères. Il a été désigné, ensuite, comme conseiller diplomatique du Premier ministre, puis du président de la République, avant de devenir le représentant du Mali auprès des Nations unies.
En 2004 il fut nommé ministre des Affaires étrangères du Mali. Il quitta ce poste en 2011 pour devenir conseiller diplomatique de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) regroupant les huit pays de l’Afrique de l’ouest utilisant le franc CFA.
Le Premier ministre Moctar Ouane parle couramment quatre langues que sont le bambara, le peul, le français et l’anglais.
Outre le Premier minitre Moctar Ouane, le Mali compte également un président et un vice-présdent chargés ensemble de conduire la transition. Il s’agit respectivement du colonel-major à la retraite, Bah N’Daw et du colonel Assimi Goita, chef de la junte.