Les États-Unis font arrêter les hauts responsables chinois. Les États-Unis restreignent l’accès de la Chine à la technologie des semi-conducteurs. La Chine, quant à elle, impose des restrictions sur les métaux rares essentiels à la production de semi-conducteurs. Ces informations ne sont que quelques-unes de celles qui ont fait le tour de la sphère économique depuis les années de gouvernance du président Trump jusqu’à aujourd’hui.
Comment et pourquoi sont nées les tensions entre ces deux grandes puissances ? Comment ont-elles évolué ? Où en sommes-nous aujourd’hui ? Et quelles sont les perspectives d’avenir ? C’est exactement de ce que nous allons en parler dans ces colonnes.
La Chine est désormais le premier exportateur mondial et le deuxième importateur mondial, tandis que les États-Unis sont pour leur part le premier importateur et le deuxième exportateur mondial. Rappelons néanmoins quelques chiffres. D’un côté, nous avons la Chine, avec une population estimée à 1,4 milliard d’habitants, en déclin depuis 2023 pour un PIB de près de 18 milles milliards de dollars. En face, nous avons les États-Unis, le pays de l’Eldorado, des malnutris et des armées, avec une population de plus de 330 millions d’habitants, en croissance modérée, le pays est la première puissance économique avec un PIB de plus de 25 milles milliards de dollars l’an dernier.
C’est en 1971 que les États-Unis reconnaissent la République populaire de Chine comme Chine officielle après avoir longtemps soutenu les nationalistes taïwanais. C’est à partir de cet événement que débuta la longue relation entre les deux pays. Dans les années 2000, le président Clinton a signé le « US-china relations Act of 2000 », la loi sur les relations entre les États-Unis et la Chine, garantissant à la Chine le statut MFN « most fovored nation » de nation la plus favorisée, initiale de Nation la plus favorisée, qui est un statut spécial accordé par un État à un autre dans le commerce international.
Des suites de ce traité, la Chine rejoindra l’Organisation mondiale du commerce, finalisant ainsi son intégration dans l’économie mondiale. Par la suite, le volume des échanges entre les deux nouveaux partenaires n’a cessé de croître, et en 2006, le volume total des échanges entre les deux pays s’est élevé à plus de 341 milliards de dollars. A ce stade, la Chine surpasse ainsi le Mexique et devient le deuxième premier partenaire des États-Unis en termes de volume d’échanges, surpassé seulement par le Canada. A partir de ce moment, les relations entre les deux puissances ne cessent de se développer et en 2008, la Chine surpasse le Japon en termes de position de créancier. Autrement dit, les États-Unis, jusqu’alors principalement gênés par le Japon, s’endettent principalement envers la Chine et le pays conservera cette position pendant plusieurs années jusqu’en 2018. Le leader Xi Jinping, à la tête du pays depuis 2012, est venu réformer à la fois la sphère politique et la sphère économique, sociale et commerciale, en commençant par centraliser tous les pouvoirs de l’État.
Si, comme l’a indiqué l’ancien secrétaire d’État Rex Tillerson, les relations sino-américaines sont des relations fondées sur la non-confrontation, l’absence de conflit, le respect mutuel et la recherche perpétuelle de solutions gagnants-gagnants, la balance commerciale entre les deux pays a toujours été largement déficitaire pour les Etats-Unis, et plusieurs voix se sont élevées au fil des années pour dénoncer cette inégalité des échanges.
Il a donc fallu attendre l’arrivée au pouvoir de l’ancien président Donald Trump pour voir des actions concrètes pour tenter de remédier à ce déficit. Le président Trump est entré à la Maison Blanche en 2017. Or, l’une de ses promesses de campagne était justement de résoudre la question de cette inégalité des échanges entre les deux pays, Trump qualifiant cette inégalité de plus grand déficit jamais enregistré au monde, en référence au déficit de l’année 2017, s’élevant à 375 milliards de dollars.
La première mesure n’était pas faite attendue, avec une imposition taxation de plus de 50 milliards de dollars de produits en provenance de Chine. Ainsi commença la guerre commerciale moderne entre la Chine et les États-Unis. Suite à cette première mesure, les deux pays n’ont cessé d’imposer de nouvelles restrictions au cours des mois qui suivront afin de faire vassiller l’advervaire. La Chine doit maintenir le statut quo et les États-Unis doivent pénaliser et ralentir l’économie chinoise afin de forcer l’augmentation du nombre de ses importations en provenance des États-Unis. Outre les questions de change, les accusations des États-Unis contre la Chine incluent également le vol de propriété intellectuelle américaine, les incursions militaires chinoises en mer de Chine. La violation des droits de l’homme et la manipulation d’argent.
L’INTENSIFICATION DES TENTIONS CHINO-AMERICAINS
C’est en 2019 que le président Trump avait imposé une interdiction totale des équipements du géant Huawei, qu’il accuse d’espionnage au profit du Parti communiste chinois, et encourage les pays alliés à faire de même. Après une augmentation des taxes sur un volume de 200 milliards de dollars de produits chinois, l’administration Trump impose une interdiction aux entreprises US d’utiliser la technologies et équipements posant une menace nationale, à savoir la 5G du groupe HUAWEI. Les États-Unis au travers l’administration TRUMP ont également fait passe le Hong Kong Human Rights and Democracy Act afin de soutenir les protestations de Hong Kong.
Dans le même temps, la Chine n’est pas restée passive face à toutes les offensives américaines et a également imposé des taxes sur plusieurs milliards de dollars des produits et équipements en provenance des Etats-Unis, sanctionnant plusieurs entreprises américaines sur le territoire chinois. Finalement, en 2020, un terrain d’entente a été trouvé grâce à l’accord commercial de phase one, « trad Deal » signé en janvier 2020. Ce deal, censé rééquilibrer les niveaux des échanges et mettre fin à la guerre économique qui est née, sera vain.
En effet, les tensions autour de Hong Kong ont fait reprendre les hostilités entre les deux pays, et l’escalade a été telle que chacun des gouvernements a fermé les consulats de l’État adverse sur son territoire.
Pour couronner le tout, fin 2020, l’administration Trump a décidé de « blacklister » (mettre sur liste noire) une multitude d’entreprises chinoises, dont le groupe international de fabrication de semi-conducteurs (Semiconductors Manufacturing International), interdisant par la même occasion les investissements américains dans certaines entreprises chinoises. L’investiture de Joe Biden en janvier 2021 ne parviendra à bout pas de cette tension.
Alors que plusieurs voyaient en son élection un apaisement de ces relations et un assouplissement des mesures anti-Chine, c’est tout le contraire qui s’est produit puisque de nombreuses mesures ont été maintenues. Aux premières heures de l’invasion Russe sur le territoire Ukrainien au premier trimestre 2022, les occidentaux, avec à leur tête les Etats-Unis engagent une série de sanction envers la Russie et le gouvernement Chinois qualifier de « qui ne feront que faire souffrir de personnes ». La présidence Biden fut également marquée par un rapprochement et un soutien plus marqué des Etats-Unis vers Taiwan. La Chine condamnant d’ailleurs la visite en Août 2022 de la porte-parole de la maison blanche Nancy Pélosi à Taipei.
En représailles le gouvernement de Xi Jinping a décidé de suspendre les communications Sino-chinoises sur les questions climatiques et multiplie les exercices militaires en mer du Sud et à proximité de Taiwan. En Octobre 2022, la restriction la plus contraignante fut actée et signé par le gouvernement américain venant restreindre les capacite de la chine quant à sa capacite à acquérir et obtenir des technologies les plus avancées des semi-conducteurs américains. Ces restrictions s’imposent non seulement aux entreprises et produits américains mais également aux entreprises étrangères utilisant les technologies, logiciels et équipements et brevets américains
Le fait est que les États-Unis accusent la Chine d’utiliser ces technologies pour créer des armes de destruction massive et poursuivre les violations des droits de l’homme, faisant notamment référence au cas des Ouïghours. Ces restrictions visent également à ralentir les avancées technologiques chinoises en matière d’intelligence artificielle.
Par ailleurs, le fameux accord commercial de phase One, qui visait à trouver un terrain d’entente entre les deux puissances, n’a été honoré par la Chine qu’à hauteur de 57 % de ses obligations d’augmenter ses importations américaines de 200 milliards de dollars. Le COVID et les différents chocs d’offre et de demande qui en ont découlé sont la cause évoquée par Pékin. Cet événement va ainsi relancer les guerres des restrictions entre les deux parties, les États-Unis mettant en place une partie des taxes supplémentaires qu’ils imposaient jusque-là.
Aucune phase 2 ne sera publiée, même si le total des exportations ajoutées entre 2020 et 2022 par rapport à la valeur de 2019 est de 110 milliards de dollars, ce qui révèle le niveau d’interdépendance entre les deux puissances. Aujourd’hui, ces tensions ne semblent toujours pas s’apaiser, et on se souvient notamment du cas du 4 février, lorsque le président Biden a ordonné l’abatage du ballon espion chinois repéré sur les côtes sud-est américaine. Pour couronner le tout, Washington accuse régulièrement Pékin d’espionnage industriel et de menaces à la sécurité nationale. Ce conflit s’est encore aggravé depuis la pénurie de semi-conducteurs due à la crise du COVID-19, c’est pourquoi le gouvernement tente de restreindre l’accès de l’Empire du Milieu à ces composants essentiels.
En réponse, le ministre chinois du Commerce a récemment annoncé restrictions qui prendront effet sur l’exportation de minéraux rares, de gallium et de germanium.
Pour rappel, ces deux minéraux sont essentiels à la production de semi-conducteurs et de batteries, et la Chine est responsable de plus de 80 % de la production de terres rares combinée.
PERSPECTIVES ET PLACE DE L’UNION EUROPEENNE
Enfin, un point important est la réduction apparente des échanges chinois, notamment des importations chinoises vers les États-Unis.
En effet, le volume total des échanges entre la Chine et les Etats-Unis Les États s’élèvent à près de 231 milliards de dollars sur les cinq premiers mois de l’année 2023. Ce chiffre impressionnant représente néanmoins une baisse significative par rapport aux 245 milliards de dollars de 2021 et aux 283 milliards de dollars de 2022 sur la même période. La baisse des changes d’une année sur l’autre est donc clairement justifiée, même s’il convient d’attendre encore un peu avant de tirer des conclusions dans la mesure où cette baisse pourrait s’expliquer par un dynamisme chinois plus faible que prévu suite à la reprise chinoise suite au COVID-19.
Du côté de l’Union européenne, parmi toutes ces turbulences, les Pays-Bas ont, avec les États-Unis, le Japon et la Corée du Sud, annoncé des restrictions sur les technologies de semi-conducteurs. Les Pays-Bas ont quelque chose à voir avec la technologie et la manière dont elle pourrait intéresser la Chine, voici un mot. ASML. ASML est l’un des leaders mondiaux de la fabrication de machines de photolithographie pour les conducteurs les plus avancées.
Pour ceux d’entre vous qui se demandent comment les Pays-Bas ont quelque chose à voir avec la technologie et la manière dont elle pourrait intéresser la Chine, voici un mot.
ASML est l’un des l’une des principales machines de fabrication de photolithographie au monde pour l’industrie des semi-conducteurs, qui consiste à graver des circuits intégrés sur des pastilles de silicium, qui sont la matière première des industries des semi-conducteurs. Cependant, la photolithographie constitue une étape cruciale, la plus risquée et la plus coûteuse du processus industriel de fabrication des semi-conducteurs.
Le groupe, avec une capitalisation de près de 300 milliards dollars, détient le quasi-monopole sur une décennie de fabrication de semi-conducteurs, produisant des machines à la pointe de la technologie qui permettent la fabrication de semi-conducteurs. Les restrictions ne sont pas seulement un vent, mais une réelle menace pour la recherche et le développement chinois, la Chine représentant environ 14 % des revenus d’ASML.
Enfin, les relations économiques modernes entre la Chine et les États-Unis ont débuté dans les années 1970. L’intégration de la Chine à l’OMC et son Le statut NPF lui a permis d’entrer définitivement dans l’économie mondiale et, depuis lors, la Chine est devenue la locomotive de la croissance mondiale. Le statut de pays exportateur de l’Empire du Milieu étant l’industrie mondiale et le rôle de consommateur des Etats-Unis, notamment par le statut du dollar, a littéralement condamné les deux puissances à travailler ensemble par l’interdépendance de leur statut.
La question de l’inégalité de l’équilibre commercial entre les deux superpuissances a toujours préoccupé, mais des actions concrètes pour le démontrer n’ont pas commencé sous la présidence de Trump. Aujourd’hui, il semble que la volonté affirmée de la Chine de devenir le nouveau tournant du monde soit la raison des nouvelles sanctions à son encontre.
Les États-Unis sont confrontés à des technologies avancées et la Chine à des terres rares. Deux options peuvent résulter de la situation. D’un côté, la Chine se voit privée ou du moins restreinte d’accès aux technologies les plus avancées en matière de semi-conducteurs. Dans ce cas, elle pourrait aussi, selon les rumeurs, voir ses entreprises se priver des technologies cloud américaines, don Amazon, Google ou Microsoft, les technologies cloud étant le seul moyen de poursuivre les recherches les plus avancées en l’absence de semi-conducteurs et de processeurs adaptés. Une attaque contre Taïwan serait une manière pour la Chine de mettre la main sur TSMC et ses processeurs de dernière génération.
Il y a cependant peu de chances que les Etats-Unis restent passifs face à cela en raison de la position stratégique de l’île, certains responsables américains déclarant même que les Etats-Unis feraient exploser TSMC pour empêcher la Chine de mettre la main sur le DTEC.
De cet acte pourrait découler une guerre militaire entre les deux États et la Chine. La deuxième option la plus heureuse serait que les deux superpuissances cessent de vouloir montrer qui est le plus grand et recommencent à travailler ensemble.
Pour conclure, on assiste aujourd’hui à une baisse des échanges entre la Chine et les États-Unis, une baisse des investissements américains en Chine et des restrictions de plus en plus sévères entre les deux parties. Quel avenir attend ces deux géants qui dépendent l’un de l’autre pour un fonctionnement optimal ? Quel avenir attend le reste du monde si les tensions ne s’apaisent pas et si l’escalade vire au militaire.
par Cesar S.
Source:Libre & riche
Auteur :Mathieu