Le footballeur argentin remporte pour la sixième fois la prestigieuse récompense, le ballon d’or. La joueuse américaine, Megan Rapinoe succède, elle, à Ada Hegerberg, première lauréate en 2018.
Il n’y a pas eu de surprise au théâtre du Châtelet le lundi 2 décembre. Comme prévu, Lionel Messi et Megan Rapinoe ont chacun remporté le ballon d’or 2019 dans leur catégorie. Le joueur argentin détient désormais le record du nombre de ballons d’or avec une sixième récompense devant le Portugais Cristiano Ronaldo.
La cocapitaine de l’équipe américaine championne du monde en juillet dernier et icône de la lutte pour les droits des LGBT (lesbiennes, gays, bisexuels, transgenre) et l’égalité homme-femme succède à 34 ans à la Norvégienne Ada Hegerberg, l’attaquante de Lyon sacrée en 2018 pour le lancement de ce trophée organisé par le magazine France Football.
MESSI TROP FORT
L’attaquant du FC Barcelone, 32 ans, a notamment devancé Virgil Van Dijk et Sadio Mané, les deux joueurs de Liverpool vainqueurs de la Ligue des champions, pour succéder au Croate Luka Modric (Real Madrid), ainsi que Ronaldo. L’Argentin, lauréat d’un seul titre cette année (le Championnat d’Espagne), est de nouveau sacré après 2009, 2010, 2011, 2012 et 2015.
Les joueurs de Liverpool, lauréats de la C1, payent l’éparpillement des voix : ils sont en effet quatre à figurer dans le top 10, avec Van Dijk, Mané, Mohamed Salah (5e) et le gardien Alisson Becker (7e). C’est la même situation qui avait privé l’un des champions du monde français du sacre un an plus tôt – Antoine Griezmann troisième, Kylian Mbappé quatrième, Raphaël Varane septième.
RAPINOE ABSENTE
Cet été, elle a illuminé les terrains de France lors d’un Mondial survolé par les Américaines, suscitant aussi un emballement médiatique par ses sorties politiques. Figure féministe et de la lutte LGBT, qui fut l’une des premières joueuses connues à faire son coming-out en 2012, elle est progressivement devenue une icône de l’opposition au président américain Donald Trump, sa notoriété dépassant rapidement le cadre du football. Sa chevelure violette s’est retrouvée en une de toute la presse, pas seulement américaine.
Au théâtre du Châtelet lundi soir, le discours de l’Américaine était très attendu, elle qui ne manque que rarement l’occasion d’exprimer un message quand elle le peut. Mais Rapinoe a boudé la cérémonie et le prix lui a été remis en son absence. « Je ne peux pas croire que je suis celle qui le gagne. On a vécu une année incroyable. On a de la chance d’avoir à nos côtés tous ces joueurs qui nous poussent vers le haut. Je ferai le maximum pour être là l’année prochaine », a-t-elle déclaré dans un message vidéo diffusé lors de la cérémonie.
LA RIVALITE DE MESSI AVEC RONALDO, SON POINT DE VUE SUR LE TROPHEE
Au lendemain du sixième sacre de Lionel Messi, France Football publie un long entretien du Ballon d’Or 2019. L’attaquant du FC Barcelone y évoque sa rivalité avec Cristiano Ronaldo et son point de vue sur la récompense, mais aussi son empreinte dans l’histoire du football.
«Me manquer, non, je ne dirais pas ça !» Après trois années sans Ballon d’Or, Lionel Messi soulève de nouveau la plus prestigieuse des récompenses individuelles. Et même si l’attaquant du FC Barcelone laisse entendre que ce trophée n’est pas une obsession, ce sixième sacre a tout de même une saveur particulière.
Messi et la rivalité avec Ronaldo Dans un long entretien accordé à France Football, Messi reconnaît avoir eu «un peu mal» lorsque Cristiano Ronaldo avait égalisé (5-5) en 2017. «D’un côté, j’appréciais d’en avoir cinq et d’être le seul dans ce cas-là. Quand Cristiano a égalisé, je dois reconnaître que ça m’a fait un peu mal. Je n’étais plus tout seul au sommet. Mais c’était logique, même si c’était bien quand j’étais tout seul à cinq», confie l’Argentin, désormais tout seul à six. La superstar du Barça estime d’ailleurs que cette rivalité n’est pas terminée. «Tant qu’on sera en activité, ça va continuer. Ce duel va se poursuivre jusqu’à la fin de nos carrières respectives, comme ç’a été le cas depuis le début. (…) Deux joueurs de ce calibre qui sont en concurrence depuis tant d’années, ça n’est pas banal», juge le natif de Rosario, avec beaucoup d’estime pour son grand rival portugais.
Le Ballon d’Or : pour le meilleur joueur ou pour la meilleure saison ? Dans cette interview, Messi soulève un point qui fait souvent débat à propos du Ballon d’Or. «C’est à vous de dire si le Ballon d’Or est décerné au meilleur joueur ou à celui qui réalise la meilleure saison», glisse le Blaugrana. Pour lui, qui estime à plusieurs reprises que «les titres collectifs sont les plus importants», les trophées doivent avoir un poids important dans le vote, notamment la Ligue des Champions. C’est d’ailleurs avec cet argument que la Pulga justifie ses échecs lors des éditions précédentes (Ronaldo en 2016 et 2017, Modric en 2018) : «Disons que je comprenais pourquoi je ne gagnais pas. En tant qu’équipe, on n’avait pas atteint notre objectif majeur, qui était de remporter la Ligue des Champions, laquelle vous donne plus de chances de gagner le Ballon d’Or. Quand Cristiano l’a gagné, c’est parce qu’il a réalisé de grandes saisons en gagnant la Ligue des Champions et en se montrant déterminant. C’était mérité. Je n’avais pas grand-chose à faire.»
MESSI EST-IL LE MEILLEUR JOUEUR DE L’HISTOIRE ?
Recordman du nombre de Ballons d’Or remportés, Messi ne s’estime pas encore être le meilleur joueur de l’histoire. «Demain, quand j’arrêterai, je pense que j’aurai laissé une empreinte dans l’histoire du football. Ça me laissera un sentiment de sérénité, de devoir accompli. Après, on pourra discuter si je suis le meilleur ou non. (…) Un, deux ou six Ballons d’Or, ça ne change rien pour moi. Je sais qui je suis et ce que j’ai réalisé», confie le Barcelonais. L’occasion pour Messi de rappeler que les goûts et les couleurs ne se discutent pas. «Certains préfèrent Cristiano, d’autres ce que je réalise moi, d’autres encore ce que font « Ney » (Neymar) ou Mbappé. Les gens ont le droit de choisir celui qui leur plaît le plus. Et chaque opinion est respectable», souligne-t-il.
Des propos appréciables dans une époque où les rivalités entraînent parfois des critiques assez virulentes lorsque chacun affiche sa préférence. Pouvoir observer tous ces énormes talents chaque week-end, c’est aussi ça le plaisir du football.