Le Président de la République, Faure Gnassingbé a participé, le lundi 27 juillet 2020, à un sommet virtuel extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (CEDEAO), consacré à la situation sociopolitique actuelle au Mali.
Ce sommet est intervenu quelques jours seulement après l’envoi d’une première mission de médiation de haut niveau emmenée par 5 chefs d’Etat. Au cours des travaux, le président togolais et ses pairs ont fait le bilan des actions déjà entreprises et planché ensemble sur la recherche de solutions idoines afin de permettre au Mali de résoudre sa crise. Le pays est en effet ébranlé depuis plusieurs semaines par un mouvement de contestation.
Cette crise sociopolitique intervient dans un contexte difficile pour le Mali, caractérisé par une menace sécuritaire grave avec des attaques terroristes récurrentes, des tensions intercommunautaires dans le centre du pays, une crise sociale marquée par une longue grève des enseignants, une crise sanitaire causée par la pandémie du coronavirus (Covid-19) et ses conséquences économiques et financières.
« La situation que connaît le Mali nous interpelle. Nous devons donc sortir de ce Sommet Extraordinaire avec des solutions durables et des décisions fortes, à même de garantir la stabilité du Mali et donc de la région », a affirmé le chef de l’Etat du Niger et président en exercice de la CEDEAO, Issoufou Mahammadou, à l’ouverture des travaux.
MISE EN PLACE RAPIDE D’UN GOUVERNEMENT D’UNION NATIONALE
Lors d’un sommet virtuel de la CEDEAO, les pays d’Afrique de l’Ouest ont exigé la « mise en place rapide d’un gouvernement d’union nationale avec la participation de l’opposition ». Une recommandation entendue par le président malien Ibrahim Boubacar Keïta qui a constitué, en tenant compte, une équipe ministérielle restreinte.
La CEDEAO a menacé de sanctions ceux qui s’opposeront à son plan de sortie de crise au Mali, qui prévoit le maintien au pouvoir du président Keïta, mais prône la constitution rapide d’un gouvernement d’union nationale et des élections législatives partielles.
Tout en exprimant sa « profonde préoccupation » au sujet de la crise politique au Mali, le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé toutes les parties à suivre « sans délai » les recommandations de l’Afrique de l’Ouest.
Les quinze chefs d’État de la CEDEAO ont prévu un régime de sanctions « contre ceux qui poseront des actes contraires au processus de normalisation », à mettre en œuvre avant vendredi, a déclaré en conclusion des travaux Mahamadou Issoufou.
Le sommet a appuyé les recommandations de la médiation menée par la CEDEAO sous l’égide de l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, qui n’ont jusqu’ici pas obtenu l’aval du Mouvement du 5 juin (M5-RFP), qui réclame depuis le mois de juin la démission du chef de l’État malien Ibrahim Boubacar Keïta.
Les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont noté que les principales Institutions du Mali, à savoir la Cour Constitutionnelle, l’Assemblée Nationale et le Gouvernement sont inopérantes. Il est donc prioritaire de remettre en place le plus rapidement possible ces Institutions régaliennes, nécessaires au bon fonctionnement de l’Etat et au traitement de toutes les revendications évoquées par les manifestants.
Le sommet a, à cet effet, pris les plusieurs décisions. S’agissant de l’Assemblée Nationale, les Chefs d’Etat et de Gouvernement engagent les partis politiques à tout mettre en oeuvre afin d’obtenir la démission immédiate des 31 députés dont l’élection est contestée et pour ouvrir la voie à des élections partielles. En attendant ces élections partielles, l’Assemblée Nationale pourra fonctionner avec les 116 députés restants.
Concernant de la Cour Constitutionnelle, les chefs d’Etat et de Gouvernement demandent à toutes les Institutions concernées de faciliter sa recomposition sans délai conformément aux dispositions légales en vigueur au Mali. S’agissant de l’Assemblée Nationale, elle nommera ses représentants après la démission des 31 membres dont l’élection est contestée et après la mise en place du bureau.
Le pouvoir a fait un geste en direction de l’opposition en confiant le ministère de l’Économie et des Finances à un ancien banquier, Abdoulaye Daffé, considéré comme étant proche du Chérif de Nioro, le mentor de la figure de proue de la contestation, l’imam Mahmoud Dicko.
Mais cela ne semble pas suffisant pour l’opposition : le porte-parole du Mouvement du 5 juin, Nouhoum Togo, a souligné que les propositions de la CEDEAO ne semblaient pas répondre aux attentes de l’opposition ni à la volonté du peuple malien.
La mission de médiation menée le jeudi 16 juillet par cinq présidents ouest-africains au Mali a rencontré les différents protagonistes de la crise sans parvenir à un accord. Il s’agit des présidents ivoirien Alassane Ouattara, ghanéen Nana Akufo-Addo, nigérian Mohamed Buhari, sénégalais Macky Sall et nigérien Mahamadou Issoufou.