Le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et du Développement des Territoires, Payadowa Boukpessi interdit toutes nouvelles implantations de lieux de cultes sur l’ensemble du pays, à travers une note adressée aux préfets et maires le vendredi 10 juin 2022.
Dans cette correspondance, le ministre Boukpessi demande aux autorités locales de « prendre les dispositions nécessaires en vue d’interdire, en collaboration avec les forces de l’ordre, toutes nouvelles implantations ». Selon le ministre, cette décision se justifie par la création « de plus en plus anarchique » de lieux de cultes observée sur le territoire, « au mépris de la réglementation en vigueur ».
La veille, la direction des Cultes, un département au sein dudit ministère, avait interpellé les présidents des organisations et fédérations religieuses sur la question des nuisances sonores. la direction des Cultes dit avoir constaté avec regret que les campagnes de sensibilisation, les avertissements et les multiples conciliations ne suffisent pas à éradiquer les mauvaises pratiques observées dans les lieux de cultes et qu’elle ne saurait tolérer plus longtemps ces écarts et ces pratiques qui empoisonnent la vie et la tranquillité des riverains.
La direction des Cultes informe donc les responsables religieux que les dispositions sont désormais prises afin de mettre fin à ce phénomène. « Des contrôles inopinés seront organisés sur toute l’étendue du territoire national par des équipes munies de sonomètres pour mesurer l’intensité du bruit. Tout dépassement du seuil des 55 décibels conduira à la saisie des instruments de sonorisation et à la fermeture immédiate du lieu de culte incriminé », a précisé le directeur des Cultes, Lieutenant-Colonel Bédiani Béléi. « La liberté religieuse s’arrête là où commence le droit à la tranquillité publique de tous les riverains », a-t-il martelé.
Le phénomène de la prolifération des lieux de culte remonte à plusieurs années. 12.000 dossiers de demandes d’ouverture de lieux de culte ont été déposés en 2015, auprès de l’administration, rien que pour des églises.
DES LIEUX DE CULTE SUSPENDUS
Dans le cadre de ses missions de suivi et de régulation des lieux de culte, la direction des Cultes a été saisie au cours de cette année, de plusieurs plaintes contre certaines organisations religieuses pour nuisances sonores.
Selon les riverains, le niveau sonore de toute la panoplie d’éléments (microphones, haut-parleurs, instruments de musique, etc.) qui entrent dans leur méthode d’adoration troublent leur tranquillité.
Pour confirmer ou infirmer ces nuisances alléguées, la direction des Cultes a effectué des visites inopinées dans ces lieux de culte. A cet effet, après les constatations, ces nuisances sont confirmées dans deux lieux de culte. Il s’agit de l’Eglise internationale mont de l’Arménie à Adidogomé ; et de l’église la puissance de la rédemption à Téléssou.
« Malgré les conciliations entreprises par la direction des Cultes pour amener les riverains et les responsables des lieux de culte mis en cause à un meilleur vivre ensemble, ces nuisances persistent selon les riverains. Dans le souci de restaurer la tranquillité et la quiétude des populations riveraines, le ministre d’Etat, ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et du Développement des Territoires a fait procéder à la suspension de ces deux lieux de culte », précise une note de la direction des Cultes.
Trois autres églises avaient déjà subi le même sort dans le courant du mois de mai. Il s’agissait de l’église de Dieu en Christ sise à Agoè-Assiyéyé, non loin de l’établissement HIERIS ; l’église chrétienne des rachetés de Dieu sise à Ségbé-Klémé et l’église chapelle des conquérants de Dieu sise à Agoè-Sogbossito.
Il faut dire que ce phénomène de nuisances sonores crée trop de problèmes dans la société togolaise. Les riverains des églises et mosquées qui s’inquiètent de ces bruits, sont souvent considérés comme des ‘‘démons’’ par les pasteurs et autres responsables religieux. Tout est fait dans les lieux de cultes comme si le message qu’on adresse, doit aller à ceux qui ne sont pas dans ces lieux. Les bruits sont forts, n’en déplaise à ceux qui n’aiment pas.
Le christianisme et l’Islam sont deux religions importées en Afrique à la suite, respectivement de l’esclavage et de l’invasion arabe. La majeure partie des populations africaines ne se demandent pas dans quelles conditions ces religions ont été acceptées.