Les dirigeants ouest-africains, qui discutaient le samedi 22 décembre 2018 à Abuja, en République fédérale du Nigeria, des questions régionales de préoccupation et d’intérêt communs dont la sécurité, la libéralisation du commerce et la manière d’encourager une coexistence pacifique dans la sous-région lors de leur 54e session ordinaire, ont donné leur quitus aux législatives togolaises du 20 décembre 2018.
La position de la CEDEAO est contenue dans le communiqué final de la cinquante-quatrième session ordinaire de la Conférence des Chefs d’Etat et de Gouvernement tenue sous la présidence de Muhammadu Buhari, président de la République fédérale du Nigeria, président en exercice de la Conférence.
Les Chefs d’Etat et de Gouvernement ont, au cours des travaux, pris acte du rapport annuel sécurité régionale. 2018 du président de la Commission de la CEDEAO ainsi que des rapports issus de la 81ème session ordinaire du Conseil des Ministres de la CEDEAO et de la 41è réunion du Conseil de Médiation et de Sécurité.
Ils ont salué la qualité des rapports soumis ainsi que la pertinence des recommandations dont les éléments substantiels portent sur l’approfondissement du processus de d’intégration économique et monétaire et de la consolidation de la paix de de la sécurité régionale.
En vue de conforter les résultats atteints dans la mise en œuvre des chantiers de l’intégration régionale et de bâtir une région de paix et de prospérité, la Conférence a pris les décisions spécifiques relatives à la performance économique et à la mise en œuvre des programmes d’intégration régionale; à la création de l’union monétaire; à la libre circulation des personnes et des biens; aux accords de partenariat économique entre la région Afrique de l’ouest et l’union européenne. Ils ont également pris des décisions relatives à l’industrie et à la promotion du secteur privé; à l’environnement et au changement climatique ; à l’énergie et au développement des infrastructures; au développement culturel ; à la paix, à la sécurité et à la démocratie; aux situations en Guinée-Bissau, au Togo, au Mali et en Gambie ; et aux élections dans la région.
SUR LA SITUATION AU TOGO
La Conférence a examiné le rapport présenté par les Facilitateurs du dialogue politique inter-togolais, Nana Addo Dankwa Akufo-Addo, président de la République du Ghana et Professeur Alpha Condé, président de la République de Guinée, conformément au mandat qui leur a été confié et à la Feuille de route adoptée par la 53ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat tenue le 31 juillet 2018 à Lomé.
Elle a salué les efforts déployés par les deux Facilitateurs afin que les parties prenantes au dialogue inter-togolais respectent et mettent en œuvre la Feuille de route, dans un esprit d’ouverture et de responsabilité et noté avec satisfaction les progrès et les acquis enregistrés.
Suite aux discussions et délibérations, la Conférence se félicite de la tenue effective, le 20 décembre 2018, des élections législatives libres et transparentes, qui se sont déroulées dans des conditions de paix et de sécurité conformément à la Feuille de route adoptée le 31 juillet 2018; elle regrette fortement la décision prise par la Coalition des quatorze partis politiques de l’opposition (C14) de ne pas participer aux élections législatives malgré les efforts considérables déployés par les Facilitateurs pour favoriser des élections inclusives avec
une participation équitable de tous les acteurs à la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
La Conférence a pris acte des informations fournies par le Gouvernement togolais concernant le projet de réforme constitutionnelle et se félicite de son engagement résolu à assurer l’adoption rapide des réformes constitutionnelles, en privilégiant la voie parlementaire pour leur mise en œuvre diligente.
Elle encourage le Gouvernement togolais à renforcer les mesures d’apaisement et de confiance entre tous les acteurs politiques en vue de décrisper davantage le climat sociopolitique.
La Conférence a, par ailleurs, pris acte de la volonté du Gouvernement togolais d’organiser les élections locales au cours de l’année 2019. Elle encourage tous les acteurs à y contribuer en vue de favoriser des élections ouvertes, inclusives et apaisées, dans le respect des normes démocratiques.
La Conférence réaffirme son attachement au respect de l’ordre constitutionnel et au renforcement de la démocratie et de l’Etat de droit au Togo et dans la sous-région, conformément aux valeurs et aux normes prévues par les instruments pertinents de la CEDEAO, notamment le Protocole additionnel relatif à la démocratie et à la bonne gouvernance.
Elle invite instamment tous les acteurs politiques et toutes les forces vives togolaises à œuvrer en vue de la préservation de la paix, de la stabilité et de la cohésion entre toutes les composantes de la société togolaise, notamment en s’abstenant de tout acte et de tout agissement susceptibles de mettre à mal les efforts visant à la normalisation complète et durable de la situation politique et de constituer une menace à la paix et à la stabilité du Togo et de la région.
La Conférence encourage les forces de sécurité à continuer à faire preuve de professionnalisme dans leur mission de maintien d’ordre et de protection des personnes et des biens.
Elle exprime sa volonté de continuer à suivre l’évolution de la situation au Togo en vue de s’assurer de la bonne application des présentes décisions et recommandations.
La Conférence demande à la Commission de la CEDEAO de continuer à apporter son appui et son assistance au Gouvernement et aux acteurs politiques togolais en vue de la préservation de la sécurité et de la consolidation de la paix et de la stabilité au Togo.
AU TITRE DES QUESTIONS INSTITUTIONNELLES
Le Sommet s’est félicité des progrès enregistré dans la mise en œuvre des mesures prévues dans la réforme institutionnelle conformément à la feuille de route.
Le Sommet a pris note des efforts déployés par la Commission dans la mobilisation des ressources communautaires et a invité les Etats membres à se conformer aux dispositions du Protocole sur le Prélèvement Communautaire, afin d’éviter des sanctions. Par ailleurs la Conférence invite les Institutions et les agences de la CEDEAO à redoubler d’efforts afin d’améliorer les performances.
Les chefs d’Etats ont également participé à une table ronde de haut niveau sur les interconnexions électriques et le développement durable en Afrique. La Conférence a souligné les avantages que la région pourrait tirer d’une interconnexion complète des réseaux électriques en Afrique de l’Ouest, notamment en termes de fiabilité de l’approvisionnement,de réduction des coûts de revient de l’énergie électrique et de création de pôles de développement industriel, économique et sociale. La Conférence a pris note des actions entreprises dans le cadre de l’Alliance d’interconnexion électrique et du développement durable en Afrique (AIEDDA) créée sur l’initiative du Professeur Alpha Condé et exhorte la Commission de la CEDEAO et les Etats membres à examiner la possibilité d’adhérer à la dite initiative.