Le 32e sommet de l’Union africaine tenu les 10 et 11 février à Addis-Abeba en Ethiopie a finalement légitimé Félix Tshisekedi, devenu président de la République Démocratique du Congo (RDC) à l’issue d’une élection contestée.
A Addis-Abeba, le nouveau président de la RDC a multiplié les rendez-vous bilatéraux qui lui ont permis d’obtenir un blanc-seing de ses pairs.
Fini les critiques sur les résultats contestés des élections au Congo, les chefs d’Etatsont chacun chaleureusement félicité le président congolais comme si de rien n’était.
Le président congolais s’est entretenu avec une dizaine de chefs d’Etat africains, dont les plus critiques sur le processus électoral congolais comme le Zambien Edgar Lungu, à l’origine d’un communiqué de la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe) émettant des doutes sur les résultats du scrutin. Ou en encore Paul Kagame qui avait convoqué une réunion d’urgence le 17 janvier à Addis-Abeba et demandé la suspension de la publication des résultats jusqu’à ce qu’une délégation se rende à Kinshasa. Toutes les critiques ont été oubliées après cet entretien.
Selon l’entourage du président congolais, Paul Kagame et Félix Tshisekedi sesont vus deux heures le Lundi 11 févriersuivi ensuite d’un rendez-vous avec la représentante de l’Union européenne Frederica Mogherini mais aussi le Tchadien Idriss Deby Itno ou encore le Sud-Africain Cyril Ramaphosa.
Avec sa première participation au sommet de l’UA, Félix Tshisekedi a saisi cette occasion d’avoir cette fois un parterre de chefs d’Etat africains pour auditeurs pour présenter sa vision de la transition dans son pays : « Les élections «Ayant obtenu 7.051.013 suffrages qui ont eu lieu le 30 décembre 2018 consacrent la toute première alternance démocratique et pacifique depuis notre indépendance, et ce dans le respect de la Constitution. Cette passation pacifique du pouvoir entre le président sortant et le dirigeant du plus ancien parti d’opposition a démenti tous les pronostics du chaos annoncé à l’issue de ces élections. Elle est la preuve de la maturité politique de notre peuple.»
La stratégie est efficace. « Il faut aller de l’avant », un responsable affirme onusien. Même son de cloche du côté du ministre angolais des Affaires étrangères, qui analyse: « le processus électoral maintenant c’est du passé ». l’opposant Martin Fayulu en était « a bien tenté, via une lettre aux chefs d’Etat, de remettre le sujet du recomptage des voix sur la table. En vain. Félix Tshisekedi est reparti auréoler de la reconnaissance de ses pairs.
RETOUR SUR UNE ELECTION CONTROVERSEE EN RDC
L’opposant Félix Tshisekedi a été proclamé le mercredi 9 janvier 2019 vainqueur pour succéder à Joseph Kabila, un résultat qui était en contradiction avec les données collectées par l’Eglise catholique. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) de la RDC a fait durer le suspense avant de proclamer le nom du successeur du président Joseph
Kabila, dans la nuit de mercredi 9 à jeudi 10 janvier.Aux premières heures de jeudi,la CENI a révélé qu’en vertu des résultats provisoires du vote du 30 décembre 2018, l’opposant Félix Tshisekedi était élu à la tête du pays.
«Ayant obtenu 7.051.013 suffrages valablement exprimés, soit 38,57 %, est proclamé provisoirement élu président de la République démocratique du Congo M. Tshisekedi Tshilombo Félix», adéclaré le président de la CENI, Corneille Nangaa.
LA FRANCE A AUSSITOT MIS EN DOUTE
Le ministre français des Affaires étrangères a estimé le jeudi 10 janvier 2019 que les résultats de l’élection présidentielle en République démocratique du Congo annoncés mercredi n’étaient « pas conformes » aux attentes et que l’opposant Martin Fayulu en était « a priori » le vainqueur.
La Céni a déclaré jeudi dans la nuit, le candidat de l’opposition Félix Tshisekedi, vainqueur de l’élection du 30 décembre avec 38,57 % des voix devant l’autre opposant, Martin Fayulu (34,8%) qui a aussitôt contesté le résultat et dénoncé un « putsch électoral ».
« Il semble bien que les résultats proclamés ne soient pas conformesaux résultats que l’on a pu constater ici ou là », a déclaré de son côté le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian sur une chaîne d’information française(CNEWS).« La conférence épiscopale du Congo a fait des vérifications,et annoncé des résultats qui étaient totalement différents », a-t-il
ajouté.
La puissante conférence épiscopale congolaise (Cenco), qui avait déployé une mission d’observation du scrutin, avait déclaré le 4 janvier connaître le nom du vainqueur, sans le nommer.
« Il faut qu’on garde son calme, qu’on évite les affrontements et que la clarté soit faite sur ces résultats qui sont inverses à ce que l’on imaginait, à ce qui était avancé», a poursuivi Jean-Yves Le Drian.
« Cela peut mal tourner parce que M. Fayulu était a priori le leader sortant de ces élections », a-t-il poursuivi.
Martin Fayulu a approuvé la sortie du ministre français. «La France fait partie de la communauté internationale et le Congo aussi. Le rôle de la Céni, ce n’est pas d’arbitrer. Le rôle de la Céni, c’est de faciliter, de constater, de dire la vérité, rien que la vérité, la vérité des urnes. C’est ce que monsieur Jean-Yves Le Drian nous dit. D’ailleurs, nous demandons à tout le pays d’emboîter le pas à la France pour constater que ce qui s’est fait, c’est une forfaiture et ce n’est pas la volonté du peuple qui a été respectée», a-t-il déploré.