Le Professeur Kokou TCHARIE est l’une des références en sciences mathématiques. Professeur titulaire en Mathématiques aux Universités du Togo, il a pris l’initiative de relancer une science qui peine a suscité aujourd’hui l’attention des élèves dans les collèges et lycées malgré son importance dans les études supérieurs susceptibles d’offrir plus aisément un emploi. A travers la Société des Sciences Mathématiques du Togo (SSM@T) qu’il fonde, le Professeur TCHARIE mène des actions pour motiver les apprenants, mais aussi pour promouvoir les sciences mathématiques et les séries scientifique en général. Dans cette interview qu’il accorde à notre magazine Delta Infos, l’Universitaire revient sur l’importance des mathématiques, les performances aux examens de BAC II ces dernières années et sur les actions de la SSM@T. Lecture …
Magazine Delta Infos : bonjour Professeur, présentez-vous à nos lecteurs
Prof Kokou TCHARIE : Je suis M. Kokou TCHARIE, Professeur Titulaire en Mathématiques aux Universités du Togo, Président de la Société des Sciences Mathématiques du Togo, Responsable de la Formation Doctorale en Mathématiques et Applications de l’Université de Lomé, Responsable du Master de Mathématiques et Applications du département de Mathématiques de l’Université de Lomé, Haut-Commissaire aux Rapatriés et à l’Action Humanitaire (HCRAH) et Officier de l’Ordre des Palmes Académiques.
MDI : Qu’entend-on par les Sciences Mathématiques ?
Prof Kokou TCHARIE : Les Mathématiques, c’est l’ensemble des Sciences qui ont pour objets la quantité, l’ordre, l’étude des êtres abstraits (nombres, figures, fonctions etc.), ainsi que les relations qui existent entre eux. C’est la Science par excellence qui se fonde sur un raisonnement logique. La Mathématique se fonde également sur les hypothèses et les déductions.
MDI : Quelle est la valeur des Sciences Mathématiques dans le système éducatif ?
Prof Kokou TCHARIE : Dans le système éducatif togolais la mathématique est l’un des enfants les plus malades si bien qu’elle brise l’ambition de plusieurs milliers de jeunes bacheliers séries C et D d’intégrer les grandes Ecoles d’Ingénieries, de Médecine, d’Informatiques, etc. à cause de la faible moyenne (inférieure à 10 ou 12) obtenue au BAC II.
MDI : Les séries qui ont trait aux sciences mathématiques peuvent-elles disparaitre ?
Prof Kokou TCHARIE : Les séries C, D et E qui ont trait aux Mathématiques tendent à disparaitre depuis plusieurs années malgré une timide reprise en 2013 à cause de l’ouverture récente des deux lycées Scientifiques du Togo. Par exemples au Baccalauréat deuxième partie (BAC II) séries C et D on a les chiffres suivants : BAC C – 2013 : 220 admis sur un total de 24704 toutes séries confondues; BAC C – 2014 : 381 admis sur un total de 23873 toutes séries confondues; BAC C – 2015 : 393 admis sur un total de 32181 toutes séries confondues; BAC C – 2016 : 400 admis sur un total de 27938 toutes séries confondues ;
Pour le BAC D – 2013 l’on a eu 6039 admis sur un total de 24704 toutes séries confondues. Pour le BAC D – 2014 : 6193 admis sur un total de 23873 toutes séries confondues; BAC D – 2015 : 8811 admis sur un total de 32181 toutes séries confondues; BAC D – 2016 : 10585 admis sur un total de 27938 toutes séries confondues.
Le plus dramatique, c’est que, sur l’ensemble des admis au BAC II dans ces séries, moins de 25% des admis au BAC C et moins 16% des admis au BAC D, ont la moyenne en mathématiques c’est-à-dire une note supérieure ou égale à 10/20. Ceux-là qui n’ont donc pas la moyenne en mathématiques au BAC II ne sont pas autorisés à accéder aux grandes écoles et formations qui donnent facilement accès à des emplois.
MDI : Les Mathématiques sont-elles une vocation ?
Prof Kokou TCHARIE : Non seulement les Mathématiques sont une vocation, mais aussi et surtout elles sont une nécessité, en général pour tout le monde et en particulier pour toute la jeunesse en quête d’excellence et d’emplois.
MDI : Est-il possible de susciter l’amour des sciences Mathématiques chez les enfants ?
Prof Kokou TCHARIE : Si tous les pays développés et les pays émergents ont suscité l’amour des mathématiques chez les enfants, alors il est aussi possible qu’au Togo, nous puissions cultiver l’amour des mathématiques chez les jeunes. Il faut tout simplement revoir le système éducatif et dégager les priorités en tenant compte des emplois futurs.
MDI : Que fait concrètement la Société des Sciences Mathématiques du Togo, pour que les apprenants s’intéressent aux sciences Mathématiques ?
Prof Kokou TCHARIE : La Société des Sciences Mathématiques du Togo organise depuis deux ans entre autres des concours nationaux avec octroi des livres de mathématiques à tous les élèves participants. La société sélectionne, puis prépare les meilleurs élèves en mathématiques apte à représenter le Togo aux Olympiades Pan Africaines de Mathématiques qu’organise chaque année l’Union Mathématique Africaine (UMA). Comme ce fut le cas pour les élèves togolais de participer pour la première fois en 2017 lors de la 25ème édition de cette compétition africaine. La SSM@T sensibilise aussi les élèves par des tournées dans les lycées et collèges du Togo sur l’importance des mathématiques dans les formations qui donnent facilement de l’emploi aujourd’hui et dans le futur.
MDI : Avez-vous déjà réalisé des actions dans ce sens ?
Prof Kokou TCHARIE : La Société des Sciences Mathématiques du Togo a initié à proximité de certains grands lycées, des séances d’aide à la maitrise des mathématiques à l’endroit des élèves qui le souhaitent. La SSM@T a présenté en juillet 2017 la première délégation togolaise aux Olympiades Pan Africaines de Mathématiques d’où un de nos concurrents est revenu avec une médaille de bronze.
MDI : Quelles sont les perspectives de le SSM@T?
Prof Kokou TCHARIE : A moyen terme, la SSM@T veut créer des maisons de Mathématiques pour aider les élèves et toute personne qui souhaitent se perfectionner en mathématiques. La SSM@T envisage aussi former des experts nationaux et tous les enseignants de mathématiques du Togo sur les meilleures pratiques d’enseignement de cette discipline et en didactique des mathématiques. Nous avons aussi en initiative la création d’un centre de formation continue en mathématiques.
Fandongbo AYEKO