L’histoire de l’industrie maritime et portuaire au Togo est intimement liée à l’histoire coloniale de ce petit pays de l’Afrique de l’Ouest.
Vu l’incapacité du wharf français à faire face à l’accroissement du trafic malgré son renforcement au cours des années 1955 et 1956, les autorités togolaises d’alors décident, en 1959, de doter le pays d’un port en eau profonde. Ce vœu devient une réalité puisque le 26 avril 1968, le Port de Lomé fut inauguré, fruit de l’accord de coopération économique et technique signé entre la République Fédérale d’Allemagne et la République Togolaise.
Un demi-siècle après cette réalisation historique, le Port de Lomé, seul port en eau profonde sur la côte ouest africaine et second dans en Afrique après celui du pays de Nelson Mandela, l’Afrique du Sud, a entamé, après quelques balbutiements, sa restructuration afin de jouer pleinement son rôle de « poumon de l’économie togolaise ».
LE PORT DE LOMÉ, UN DON DE LA NATURE
Le Togo peut se vanter d’avoir le seul port en eau profonde et le plus compétitif de la sous-région.
Situé à 06°08 N et 01°17 E, le Port de Lomé offre l’avantage d’acheminement des marchandises à des délais de temps et des coûts très compétitifs. En outre, avec une profondeur de 17m, un faible marnage (1,20m maximum) et des vents modérés, il a une capacité d’accueil de plus d’une dizaine de navires à quai et est le seul port de la côte pouvant accueillir des navires de plus grand tonnage, donc de dernière génération.
L’un des atouts du Port de Lomé est non seulement son accès en continu (24 heure sur 24 et 7 jours sur 7) assuré par la Capitainerie du port dotée d’outils performants d’aide à la navigation, mais aussi la rapidité et la simplification des formalités administratives. Les normes du Code international pour la sûreté des Navires et des Installations portuaires (Code ISPS) y sont méticuleusement appliquées. Ainsi, les acteurs de la communauté portuaire (la direction du port, l’Office togolais des recettes (OTR), les consignataires, les transitaires, etc.) s’adaptent aux besoins et aux attentes des opérateurs économiques de disposer de leurs marchandises en tout temps. En plus de ses fonctions régaliennes, le Port de Lomé a en charge l’exploitation des installations, le pilotage et le remorquage des navires, la garde matérielle et juridique des marchandises, le service des phares et balises, la vigie et la radio ainsi que la gestion du domaine portuaire et maritime.
LE MOTEUR DE L’ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE
Grâce à la création, par les autorités togolaises, du Guichet Unique du Commerce Extérieur (GUCE), le Port de Lomé s’est mis au pas des exigences de port moderne et compétitif. Avec son statut de port franc (la manutention et le transfert des marchandises dans l’enceinte portuaire s’effectuent sans contraintes douanières, permettant ainsi un gain de temps), le port de Lomé a vu ses activités considérablement boostées grâce au GUCE. « Le GUCE permet aux différents acteurs impliqués dans le commerce et le transport (chargeurs, consignataires, transitaires), à partir de la centralisation des données et des documents par le réseau internet, de remplir rapidement toutes les formalités officielles liées à l’importation, à l’exportation et au transit. », avait reconnu la ministre en charge du Commerce, Mme Bernadette Legzim-Balouki, au lancement des activités du GUCE. Elle avait conclu que le GUCE offrait « des avantages incomparables » aux opérateurs économiques.
Avec plus de 80% des échanges commerciaux transitant par le Port de Lomé, ce carrefour international d’échanges de plus de 900 ha se veut également un pôle d’attraction pour le commerce et l’industrie grâce au développement d’une vaste zone franche industrielle qui abrite plusieurs dizaines d’entreprises. Outre la proximité avec les installations portuaires de dernière génération, ces entreprises implantées dans un rayon de cinq kilomètres, bénéficient d’une réglementation souple et des avantages fiscaux et douaniers hors pairs.
Le Port de Lomé, certifié ISO 9001 le 08 août 2014, offre de nombreux avantages répondant aux attentes des usagers. Parmi ces avantages figurent la célérité des opérations administratives et portuaires ; les facilités de stockage (115.000m2 de superficies couvertes mises à la disposition des opérateurs économiques pour l’entreposage de leurs marchandises, plus de 200.000 m2 de terre-pleins aménagés pour le stockage des conteneurs et autres marchandises, un riche parking : un parking pour véhicules d’occasion, un parking servant d’aire de chargement des camions, un parking tampon pour le stationnement de camions, une aire réservée pour le dépotage de conteneurs, le Terminal du Sahel pour les camions et véhicules en partance) ; ainsi que le haut niveau de sûreté et de sécurité.
LE PORT DE LOMÉ, UN PORT D’AVENIR…
De 252.000 tonnes de marchandises à sa création, le Port de Lomé a enregistré en 2015 un trafic général de plus de 15 millions de tonnes de marchandises, avec une desserte de 1399 navires et un trafic transit de plus de 2,6 millions de tonnes. Ce port d’avenir sera freiné dans son élan de croissance en 2016 avec la mise en vigueur, par les autorités portuaires, de nouvelles mesures sécuritaires, notamment le « règlement 14 de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA)» interdisant la surcharge. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le trafic global de marchandises de 15.413.487 tonnes va chuter à 13.983.587 tonnes en 2016. De quoi alarmer les autorités portuaires togolaises.
Mais le Directeur Général du PAL le Contre-Amiral Fogan Adégnon ne croise pas pour autant les bras puisque son équipe et lui ont entrepris dans la foulée une tournée de sensibilisation dans l’hinterland à l’intention des opérateurs économiques de la sous-région. Et le résultat ne s’est pas fait attendre. Les activités reprennent de plus belle puisque
le DG du port rassure que les indicateurs sont favorables à la reprise en 2017 car, pour le premier trimestre, l’on a enregistré un flux de plus de cinq millions de tonnes de marchandises. A cette allure, a-t-il indiqué, l’on projette un fret de plus de 16 millions de tonnes pour le compte de cette année 2017.
Pour renforcer les performances du PAL et l’inscrire au rang des ports les plus modernes au monde, les autorités portuaires togolaises ont dans leur gibecière plusieurs projets, tels l’extension et la modernisation du quai minéralier, l’aménagement de ports secs à l’intérieur du pays, l’aménagement des voies de desserte, la construction d’un réseau ferroviaire devant parcourir tout le Togo…
Société d’Etat à vocation commerciale et industrielle avec un capital social de 3,5 milliards de FCFA, le Port Autonome de Lomé représente l’élément moteur de l’activité économique du pays. Plus de 80% des échanges commerciaux y transitent. Ce qui fait la fierté du gouvernement et du peuple togolais. Il sert de port de transit pour plusieurs pays de la sous-région sans littoral tels que le Burkina Faso, le Mali et le Niger.
Bawéla B.