Vingt-quatre étudiants de la première promotion (2018-2020) de l’Institut de mathématiques, des sciences et technologiques (IMaST), une structure engagée dans la formation pour l’amélioration de l’enseignement des mathématiques au Togo, ont soutenu leur mémoire en Master professionnel d’enseignement des mathématiques, les 13 et 14 octobre à Lomé.
Tous les mémoires soutenus par les étudiants portent sur un chapitre en mathématiques, des classes de seconde CD et S et des classes de première et terminal C et D. Ils sont choisis et formulés pour apporter une approche de solution au problème lié à la pédagogie, notamment à la transmission des connaissances relatives à ce chapitre.
DES PREALABLES A LA SOUTENANCE
Les thèmes de mémoire des étudiants d’IMaST ne sont pas choisis au hasard comme le font les étudiants en sciences sociales et qui souvent sont littéraires ou sociologiques. Les étudiants choisissent des thèmes d’application directe sur le terrain, c’est-à-dire qu’en stage, ils suivent la manière dont les cours de mathématique sont dispensés par l’enseignant. Celui-ci cèdera à l’étudiant un chapitre des cours qu’il doit préparer pour exposer aux apprenants en sa présence. Dès lors l’enseignant devient son observateur qui fera son rapport à l’administration de l’IMaST sur la prestation de l’étudiant.
Lorsque l’étudiant finit de donner son cours aux apprenants, il les évalue puis corrige les copies. Quand il se rendra compte que, par exemple sur 60 élèves, moins de 50% ont eu la moyenne, il doit se remettre en cause et dès cet instant il entame la deuxième partie de la conception de son thème de mémoire, « Quel cours donner à l’avenir pour que les 60 élèves aient la moyenne en mathématique ». C’est cette interrogation qui constituera le point saillant de son mémoire. L’enjeu serait, comment désormais préparer son cours, afin d’emballer tous élèves, dans le but de les amener tous à avoir la moyenne.
SOUTENANCE A IMAST
Le mémoire de l’étudiant Tagba Kérézouwé Tamasse a porté sur le thème « Quelle meilleure approche pour l’apprentissage des isométries et similitudes en classe de première C ». Il a situé son étude dans le cadre de la recherche-action. M. Tagba a précisé qu’il est parti du constat que ces dernières années, les résultats en mathématique ne sont pas encourageants, particulièrement en géométrie, alors qu’en terminal ‘’C’’ la mathématique est une matière de base. « Quand nous analysons les résultats aux examens de baccalauréat deuxième parti depuis 2015, on se rend compte que les élèves réussissent avec une bonne moyenne, mais avec une faible note en mathématique, ce qui pose un problème », a soulevé l’étudiant. Il a affirmé que le diagnostic révèle un problème de pédagogie, autrement dit, l’art d’enseigner les mathématiques. Sa recherche propose une nouvelle approche pour améliorer cette situation. « Il s’agit en effet, de présenter les problèmes mathématiques à travers des situations-problèmes, celles qui sont issues de la vie courante de l’apprenant. Quand l’apprenant découvre l’utilité qu’il pourra faire des propretés qu’on l’enseigne, il se donnera pour mieux maîtriser ce qu’on lui enseigne », a expliqué M. Tagba. Il a souligné que l’ancienne méthode d’enseignement n’est caduque ou dépassée, mais seulement que les choses évolue et qu’il faut réfléchir à une nouvelle façon d’enseigner pour pouvoir retenir l’attention de l’apprenant et l’amener à s’intéresser à la matière. « Aujourd’hui les élèves ne sont pas obligés d’apprendre par cœur les théorèmes, mais s’il devrait le faire, il faut qu’il y trouve un intérêt », a-t-il conclu.
« Enseignement des statistiques en classe de terminale D, pour une meilleure compréhension des élèves », est le thème du mémoire de Sétomagbé Doklo. Il entend à travers cette étude rechercher des stratégies ou techniques, pouvant aider les apprenants à comprendre les cours de statistiques. « J’ai constaté lors de mon stage dans les établissements scolaires, que les enfants n’aiment plus seulement écouter ou voir l’enseignant faire son cours, mais plutôt ont envie d’y participer. J’ai également réalisé à l’issue de la phase ‘’observation’’ qu’on ne peut mieux comprendre les statistiques qu’en utilisant les outils informatiques », a-t-il relevé.
Pour Sétomagbé Doklo, la nouvelle méthode d’enseigner la statistique serait « d’amener l’apprenant à savoir faire usage du mode statistique avec sa calculatrice et accompagner le cours d’outils informatique (ordinateur), tout en faisant participer les élèves. Il faut aussi dans l’explication du cours, se fonder sur des situations concrètes de la vie courante pour illustrer les formules statistiques, ce qui permet aux élèves de les comprendre aisément ».
Les étudiants en fin de cycle ont suivi des cours sur l’ensemble des unités d’enseignement de mathématiques définies par le gouvernement. Il s’agit, entre autres, de l’algèbre, la géométrie, l’analyse, la probabilité, la statistique et ceci pendant deux ans. Ils ont eu à valider en première année 60 crédits. En deuxième année, ils ont validé 30 crédits en cours et les 30 crédits en stage dans les établissements, auquel s’ajoute la soutenance. Au total, ils ont validé 120 crédits à en deux ans avant de soutenir pour l’obtention du Master professionnel d’enseignement des Mathématiques.
INTITULES DES MEMOIRES ET LEUR UTIILITE DANS LA VIE ACTIVE
Revenant sur chacun des thèmes soutenus par ses étudiants, le Prof. Titulaire des mathématiques aux universités du Togo, Kokou Tchariè, responsable de l’IMaST a, outre la nouvelle méthode d’enseignement proposée, essayé de démontrer l’utilité de chacune de ces matières dans la vie courante.
Selon le Prof. Tchariè, l’isométrie signifie même longueur et elle est encore définie comme une application qui conserve les distances ou les longueurs. On considère les symétries, la translation et la rotation ainsi que leur composition comme différentes sortes d’isométrie.
Il a expliqué que toute personne physiquement normale admet un plan de symétrie, ce qui fait que pour qu’un couturier couse un habit (chemise, pantalon, caleçon…) il utilise strictement les symétries. Les coiffeurs disent que la plupart des coiffures se font à partir d’une ligne médiane sur la tête du client. Cette ligne n’est rien d’autre qu’un axe de symétrie de la surface de la tête. Une maman voulant partager un pain de savon à ses deux garçons jumeaux prend un couteau pour un partage équitable. Elle doit ainsi chercher un plan de symétrie de son pain de savon.
Par rapport à la trigonométrie, M. Tchariè a indiqué qu’elle constitue une branche des mathématiques qui fait le lien entre les distances et les angles dans un triangle. « En acoustique, la trigonométrie permet d’améliorer la perception des sons et en topographie, la trigonométrie permet les levés des cartes et des plans de terrain avec précision. Grâce à la trigonométrie, les agents de la sécurité routière arrivent à calculer avec précision la vitesse des véhicules ou motos ayant fait un accident. En architecture (art de concevoir et de construire les édifices) et en génie civil (ensemble des techniques de constructions civiles) la trigonométrie est un élément indispensable », a fait comprendre le Prof.Tchariè
Abordant la probabilité, un des thèmes soutenus par l’un des 24 étudiants, le responsable de l’IMaST a dit qu’elle est en mathématique, une notion qui correspond à la quantification des « chances » qu’un évènement a de se réaliser lors d’une expérience aléatoire, c’est-à-dire une expérience dont l’issue ne peut être prédite avec certitude. Dans la théorie des jeux par exemple, a-t-il poursuivi, c’est grâce aux calculs des probabilités qu’un joueur peut déterminer ses chances de gagner ou de perdre une partie (de jeu). « Si nous prenons comme exemple la loterie (au Togo vulgairement appelée LONATO), c’est grâce aux outils de calculs en probabilités tels que l’Arrangement et la Combinaison que le joueur peut prévoir ses chances de gagner ou non une partie de jeu. Aussi les mêmes outils peuvent-ils être utilisés dans les jeux de Cartes, de Dames, de Ludo », a renchéri M. Tchariè.
LES IMPRESSIONS DU RESPONSABLE DE L’IMAST
Le Prof. Kokou Tchariè, a exprimé sa satisfaction face aux travaux de recherche effectués par ses étudiants, aux résultats obtenus et surtout aux propositions faites pour l’amélioration de l’enseignement des mathématiques au Togo, pour le bien des apprenants. Il a rappelé que l’IMaST s’est assigné la mission de former une nouvelle génération de professeurs de mathématique des lycées, qui maîtrisent à la fois l’académie, la pédagogie et la didactique des mathématiques. « La didactique des mathématiques c’est la manière de se prendre pour que l’apprenant comprenne le cours, ce qui n’a rien à voir avec la pédagogie ou le contenu. Il s’agit précisément d’allier à la fois l’académie mathématique, c’est-à-dire la maîtrise même de la mathématique ; la pédagogie de transmission de ce savoir et enfin la manière de transmettre ce savoir qui est la didactique des mathématiques. Cette façon de procéder initiée par l’institut ne se trouve nulle part, ni dans les universités du Togo, ni dans une quelconque université privée ou institut privé de la place », a-t-il affirmé.
Parlant toujours de l’IMaST, le Prof. Tchariè a ajouté que la préoccupation de l’institut, c’est d’amener l’étudiant à s’approprier de nouvelles méthodes d’enseignement des mathématiques ; des meilleures pratiques de l’enseignement des mathématiques, pour que prochainement tous les élèves qui feront les séries, C ou D sortent gagnant, pour booster le développement.
« En ce qui concerne le Plan national du développement (PND 2018-2022), nous pouvons dire que les projets ayant trait à l’industrialisation au Togo ne peuvent être réalisés que grâce à l’esprit créatrice des ingénieurs, qui a priori maîtrisent les mathématiques, l’élément moteur de leur savoir-faire. Pour que les objectifs du PND soient atteints, il faut que la majorité de nos apprenants maîtrisent les sciences exactes (mathématiques et physiques), d’où la nécessité d’asseoir une pédagogie efficiente », a conclu le prof. Kokou Tchariè.
Rodolphe A.