Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi qui a pris les commandes l’Union africaine pour les douze prochains mois, s’est engagé lors du 32e sommet tenu les 10 et 11 février à Addis-Abeba en Ethiopie, à poursuivre les réformes de l’organisation enclenchées de manière profonde par le Rwandais Paul Kagame. Il a fait de l’autofinancement de l’institution panafricaine-par une taxe de 0,2 % sur les importations, le centre de ses préoccupations parallèlement à toutes les initiatives qui ont mené à la mise en place de la zone de libre-échange continentale, la Zlec, que seule la moitié des 55 États membres ont adoptée pour le moment. Ce sommet a également été l’occasion de désigner le prochain président de l’UA, en 2020. Il s’agira de l’Afrique du Sud.
Le nouveau président de l’UA a, dans son premier discours, dévoilé les trois axes de sa présidence à savoir: développer les infrastructures, accélérer l’entrée en vigueur de la zonede libre-échange continentale africaine (ZLEC) et créer des emplois pour la jeunesse du continent.
Abdel Fattah al-Sissi s’est présenté comme l’héritier de Gamal Abdel Nasser (ancien président d’Egypte), l’homme qui, en 1963, dans cette même ville d’Addis-Abeba, avait plaidé pour un grand marché unique africain, et il a lui-même lancé « l’Egypte fera tous les efforts nécessaires pour la réforme structurelle et financière de l’UA ».
Il a ainsi appelé les pays africains à travailler en solidarité pour relever les défis liés à ces priorités de développement,permettant ainsi d’atteindre les objectifs de développement durable définis par les Nations Unies d’ici 2030.
Le président égyptien souhaite profiter de son mandat à la tête de l’UA pour renforcer sa position sur le continent africain et ne pas être considéré comme un pays tourné uniquement vers le monde arabe.
M. Abdel Fattah al-Sissi a notamment salué le développement accéléré des pays africains, caractérisé par la croissance économique continue et la de justice sociale renforcée.
Le nouveau président de l’UA a précisé que les priorités de développement de l’Afrique comprennent, entre autres l’éducation, la santé, l’égalité femme-homme, le changement climatique, et les déplacements forcés, dont la solution est le thème de l’UA de cette année,«Année des réfugiés, des rapatriés et des personnes déplacées: vers des solutions durables aux déplacements forcés en Afrique».
OPERATIONNALISATION DU MUTAA
Le chef de la diplomatie togolaise, Robert Dussey, a présenté au nom du chef de l’Etat, le lundi 11 février à Addis-Abeba, lors du 32e sommet de l’UA, le rapport d’évaluation sur la mise en œuvre du Marché unique du transport aérien en Afrique (MUTAA) initié en juillet 2018. «Je me suis employé à placer l’Agenda de Yamoussoukro, qui est relatif à la résolution des problèmes du secteur du transport aérien en Afrique, au cœur de mes activités en vue de permettre à notre continent de faire face à la concurrence déloyale des principales compagnies aériennes mondiales; la part des compagnies africaines ne représentant que 3% environ du marché mondial.
«L’objectif poursuivi consiste notamment, à permettre à nos compagnies africaines d’avoir une place prépondérante sur le marché africain, de réduire les coûts et les obstacles réglementaires à
l’interconnexion de nos villes», a indiqué le président togolais.
Depuis juillet dernier, Faure Gnassingbé a largement consulté et pris l’avis de nombreux experts. Il milite pour que l’ensemble des 55 Etats membres adhèrent au MUTAA. A ce jour seulement 28 Etats ont adhéré à ce marché. Autre priorité, harmoniser les accords sur les l’éducation, la santé, l’égalité femme- services aériens entre les différents pays et mobiliser des ressources.
L’idée de libéraliser le transport aérien en Afrique est née en 1988 au moment de l’adoption de la Déclaration de Yamoussoukro, suivie dix ans plus tard par la Décision de Yamoussoukro (1999)et son approbation lors du sommet de l’OUA en juillet 2000 à Lomé.
Lors de ce lancement, Faure Gnassingbé, chef de l’Etat togolais, avait reçu mandat de ses pairs africains de conduire le processus d’implémentation du MUTAA.