La troisième conférence régionale sur le projet régional d’électrification hors réseau (ROGEP) par des systèmes solaires autonomes tenue les 18 et 19 juillet à Lomé a permis de lancer ce projet dont l’objectif est d’améliorer l’accès à l’énergie dans 19 pays africains en soutenant les acteurs du secteur hors réseau par une assistance technique et des financements afin d’améliorer les conditions de vie des populations, de créer des emplois, et de ce fait, contribuer à la réduction de la pauvreté.
La rencontre de Lomé sur « le renforcement des partenaires pour une promotion accélérée des systèmes solaires autonomes en Afrique de l’ouest et au sahel » organisée par le Centre pour les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique de la CEDEAO (CEREEC), a réuni un groupe diversifié de parties prenantes des quinze Etats membres de la Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et des Etats de l’Afrique centrale comme le Tchad, le Cameroun, la République Centrafricaine et la Mauritanie.
Les commissaires à l’énergie et aux mines de la CEDEAO, les ministres en charge de l’énergie, les Agences d’électrification rurale, les institutions financières commerciales, les Partenaires en développement, les investisseurs, les entreprises privées régionales et internationales, les groupes de la société civile et les universitaires ont également pris part à ces assises.
Elle a bénéficié du soutien de la Banque ouest africaine de développement (BOAD) et de la Banque mondiale.
Le ROGEP est financée par le Groupe de la Banque mondiale et le Fonds pour les technologies propres (FTP). Il sera mis en œuvre par le CEREEC et la Banque ouest africaine de développement (BOAD.
La 3ème conférence fait suite au lancement de la phase préparatoire du projet d’octobre 2017 à Dakar dans le cadre du forum de l’énergie durable de la CEDEAO et de celle tenues les 26 et 27 juin 2018 à Accra au Ghana qui a permis de présenter les notes conceptuelles des différentes composantes du projet développées aux parties prenantes et obtenir leurs commentaires.
Plusieurs sujets sur le secteur hors réseau dans la région ont été débattus. Les points saillants d’une évaluation du marché réalisée lors de la préparation du projet ont été présentés et délibérés. Les différents panélistes ont partagé leurs points de vue sur le secteur, les défis et les développements ainsi que sur le rôle du financement dans l’amélioration de l’accès des consommateurs à l’énergie.
D’autres domaines tels que l’utilisation de l’électricité pour la production, l’électrification des institutions publiques et le rôle des secteurs privé et public ont été aussi présentés.
Ces assises, qui ont permis de lancer la phase de mise en œuvre du projet, a servi de cadre pour présenter les composants et sous composant du projet ; les prochaines étapes de la mise en œuvre du projet et de recevoir les contributions des parties prenantes.
Le représentant du ministre des Mines et de l’Energie, Tchapo Singo, a souligné que l’accès à l’électricité est un facteur important dans le développement des communautés en particulier et de la nation en général. Il a relevé qu’alors que certains pays ont amélioré leur accès à l’énergie, une grande partie de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel, est encore confrontée à des problèmes d’accès à l’énergie, de sécurité énergétique et d’atténuation des changements climatiques.
«Dans la plupart des pays, l’accès reste limité et se concentre pour l’essentiel dans les zones urbaines. Les pénuries d’électricité dans les zones urbaines et le manque d’accès à des services énergétiques modernes, abordables et fiables dans les zones rurales sont interdépendantes et se heurtent à divers problèmes économiques, sociaux, environnementaux et politiques », a-t-il confié.
La représentante résidente de la Banque mondiale au Togo, Mme Hawa Cissé Wagué a souligné que le projet ROGEP est un programme ambitieux et innovant qui contribuera à accélérer l’accès à l’électricité grâce à des systèmes solaires autonomes de qualité dans 19 pays d’Afrique occidentale et centrale. « L’appui de plusieurs partenaires au développement a permis la mise en place de ce projet. Le gouvernement des
Pays-Bas fournira un appui aux entreprises solaires actives sur les marchés difficiles comme ceux des pays du Sahel. Par ailleurs, le Fonds pour les technologies propres a accordé une subvention de 7,5 millions de dollars E.U et 67,2 millions de dollars E.U sous forme de subventions conditionnelles pour soutenir les entreprises du secteur solaire. De plus, la Banque Mondiale a approuvé 150 millions de dollars E.U en avril 2019 pour soutenir le ROGEP », a-t-elle déclaré.
ATTEINDRE LES OBJECTIFS DE LA CEDEAO EN MATIÈRE D’ÉNERGIE RENOUVELABLE
Le directeur exécutif du CEREEC, Mahama Kappiah a rappelé que ROGEP qui sera mise en œuvre dans 19 pays dont 15 pays de la CEDEAO, va aider ces États à atteindre les objectifs de la CEDEAO en matière d’énergie renouvelable pour 2020 et 2030, à savoir augmenter la part des énergies renouvelables dans le mix électrique global de la région à 10 % en 2020 et 19% en 2030 et par extension au quatre autres des pays. Il a indiqué que la phase de mise en œuvre devrait débuter en septembre 2019.
Le projet comprend 2 composantes, notamment la composante 1 de 57, 5 millions de dollars consiste à développer un marché régional par des activités d’assistance technique pour améliorer l’écosystème du marché hors réseau et la composante 2 de 207,2 millions de dollar qui est la facilitation à l’accès aux financements pour les entreprises de systèmes solaires autonomes.
ENGAGEMENT DE LA BOAD EN FAVEUR DES ÉNERGIES RENOUVELABLES
Le conseiller spécial de la présidence de la BOAD, Christophe Aguessy, a relevé que le plan stratégique de la banque en cours d’exécution porte le sceau d’un fort engagement « finance-climat », avec un accent particulier sur les énergies renouvelables. Il a saisi cette tribune pour réitérer l’engagement de son institution en faveur de la prise en compte des Objectifs de développement durable (ODD), de la mise en œuvre des Accords de Paris et des Contributions déterminés au niveau national (CDN).
Il a affirmé que la participation de la BOAD au projet ROGEP, à travers son rôle d’intermédiaire financier entre la Banque mondiale et les Institutions de finance nationales (IFN) pour la mise en place de ligne de refinancement et la gestion d’une garantie pour couvrir les risques de crédit liés à des défauts technologiques des équipements à déployer en est une autre illustration.
« Cet engagement vient de se traduire par la décision récente du conseil d’administration de la BOAD du 20 juin dernier, qui a approuvé la ligne de crédit 140 millions de USD de la Banque mondiale ainsi que la gestion du mécanisme de garantie de 67,2 millions de USD en faveur des institutions financières nationales de la zone du projet. Ce qui constitue pour la BOAD le déclenchement de la mise en œuvre du projet », a expliqué M. Aguessy.
« En lien avec les objectifs du projet, nous sommes convaincus, à la BOAD, qu’un développement de la production d’énergies renouvelables, notamment celle solaire, sera d’un grand apport pour la consolidation et la durabilité de la croissance économique, de même que pour un renforcement de l’inclusion sociale et financière », a-t-il conclu.