Les exploits du secteur agricole dans le processus de redressement économique des pays en développement, retient de plus en plus l’attention des partenaires financiers de par le monde. C’est ainsi que le 15 février dernier à Rome, un nouveau fonds d’impact dit « Fonds d’investissement pour l’entrepreneuriat agricole » et dénommé « Fonds ABC » a été lancé lors du conseil des gouvernements des Etats membres du Fonds international de développement agricole (FIDA).
A ce conseil, la FIDA avec l’Union européenne (UE), leGroupe des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), le Luxembourg et l’Alliance pour une révolution verte en Afrique (AGRA) ont proposé cette approche innovante pour attirer dans les zones rurales des pays en développement les capitaux dont elles ont besoin. Selon le conseil, cetteapproche devra aider les entrepreneurs ruraux dans le secteur agricole à accéder aux financements nécessaires, afin de développer leurs activités et de créer des emplois dans les zones rurales pauvres, en particulier pour les jeunes.
L’objectif du « Fonds ABC » est d’amener les partenaires financiers du secteur privé vers les Petites et moyennes entreprises (PME) rurales, les organisations paysannes
et les groupes de petits exploitants agricoles. « Ils ont souvent des difficultésà obtenir des financements auprès des institutions habituelles qui considèrent qu’ils présentent trop de risque », a constaté le conseil.
Le fonds ABC entend mobiliser 200 millions d’euros sur les dix prochaines années. Il proposera des prêts adaptés aux PME. La taille des prêts variera entre 20.000 et 800.000 euros. L’UE et le groupe ACP apporte au pot 45 millions d’euros, le Luxembourg 5 millions et AGRA 4,5 millions.
Ce fonds est indépendant et basé à Luxembourg.Son portefeuille d’investissement sera géré par deux sociétés d’investissement, notamment Bamboo Capital Partners et Injaro Investments.
Pour le président du FIDA, Gilbert Houngbo, les petites et moyennes entreprises peuvent être un moteur de développement et offrir aux communautés rurales un moyen d’échapper à la faim et à la pauvreté, mais à condition qu’elles puissent accéder aux ressources qui leur sont nécessaires. «Il y a 1,2 milliards de jeunes dans le monde et on estime que plus de la moitié d’entre eux vivent dans les zones rurales. Les jeunes ont statistiquement deux à trois fois plus de risque d’être au chômage que les adultes. Rien qu’en Afrique, 10 à 12 millions de jeunes arrivent chaque année sur le marché du travail », a expliqué le président.
Il a ajouté que les agriculteurs togolais pourront naturellement profiter de ce dispositif en plus de celui mis en placepar le gouvernement, dénommé MIFA (Mécanisme incitatif de financement agricole).
Le commissaire européen à la coopération internationale et au développement, Neven Mimica, a pour sa part souligné l’impact que peuvent avoir les investissements du Fonds ABC sur les ménages de petits exploitants. « Les petits exploitants et les entreprises rurales n’obtiennent pas du secteur privé les investissements dont ils ont besoin. Ce fonds nous aidera à combler cette lacune, à faciliter leur accès à des capitaux et, par conséquent, à améliorer la vie de 700.000 ménages ruraux », a fait comprendre le commissaire.
Le secrétaire général du Groupe ACP, Patrick Gomes, dont l’organisation promeut le développement du secteur privé, estime de son côté que ce fonds peut avoir un effet transformateur sur les populations rurales.