L’industrialisation est un passage incontournable pour les pays Africains et figure au premier plan de l’agenda de développement défini par l’Union Africaine (UA). L’agenda commun des Etats d’Afrique recommande explicitement à cet effet aux Etats-membres d’accélérer leur industrialisation afin d’assurer la transformation des structures productives, en vue de réaliser l’Afrique voulu à l’horizon 2063.
Pleinement engagé dans cette dynamique, le Togo nourrit des ambitions fortes pour l’industrialisation de son économie et la transformation de son secteur agricole.
C’est dans ce cadre que s’inscrit « le forum de haut niveau sur le développement des zones de transformation agroindustrielle à travers les partenariats public-privé », organisé les 22 et 23 novembre dernier par le Centre autonome d’études et de renforcement des capacités pour le développement au Togo (CADERDT), avec l’appui de l’Etat togolais et du groupe de la Banque Africaine de Développement (BAD).
L’objectif de ce forum est de créer un environnement propice aux échanges et à un dialogue productif entre les décideurs publics, les investisseurs nationaux et internationaux, ainsi que les institutions de développement et de promotion de l’investissement sur les opportunités d’affaires au Togo dans le cadre du développement de l’agro-industrie.
Durant deux jours, les participants ont suivi des communications sur « La mobilisation du secteur privé pour la transformation structurelle de l’agriculture en Afrique ;
Partenariats public-privé et le développement du secteur agro-industriel au Togo ». Ils se sont également constitués en panels pour discuter des attentes du secteur privé pour le financement des agropoles et parcs industriels au Togo et ont examiné les leçons tirées de la mise en œuvre des partenariats public-privé dans le secteur agro-industriel dans les pays en développement. Un dîner de gala et rencontre B2B sur la mobilisation du secteur privé pour le financement des projets agro-industriels au Togo, ainsi qu’un carrefour de discussions sur les opportunités d’investissement dans les agropoles, ont également meublé les échanges lors de ce forum.
MOTIFS DE L’ORGANISATION DUDIT FORUM ET OBJECTIFS
L’étude menée par CADERDT sur «la contribution des partenariats public-privé au développement du secteur agricole au Togo» dans le cadre de l’organisation de ce forum a révélé les opportunités d’investissement dans l’agriculture pour le secteur privé au Togo à travers les partenariats public-privé et leurs conditions de réussite.
Selon la commissaire générale de ce forum et directrice exécutive de CADERDT, Mme Gnassingbé Odilia, il s’agit pour ce forum d’échanger sur les conditions et les enjeux de développement des zones de transformation agroalimentaire à travers la mobilisation du secteur privé ; de présenter les opportunités d’investissement pour le secteur privé dans le secteur agro-industriel au Togo et de partager les expériences de la mobilisation du secteur privé pour le développement d’agropole et du secteur agro-industriel dans les pays en développement. « Cette rencontre a également été une occasion d’échanger sur les possibilités de mobilisation de financement des projets à travers les partenariats public-privé ; de mettre en relation les décideurs publics et les investisseurs capables de prendre une part dans le financement des projets inhérents au développement des agropoles et des pôles de compétitivité connexes au Togo. Elle a aussi permis d’échanger sur les attentes du secteur privé pour leur mobilisation dans la promotion et le développement du secteur agricole, en particulier de l’agro-industrie au Togo», a affirmé la commissaire générale.
LES FACILITÉS CRÉÉES PAR LE GOUVERNEMENT POUR UNE ÉCONOMIE COMPÉTITIVE ET ÉMERGENTE À L’HORIZON 2030
Le gouvernement togolais a adopté depuis août dernier le Plan national de développement (PND 2018-2022), qui constitue un cadre de référence en matière de développement à moyen terme, tourné vers un système productif. Ce plan qui entend transformer structurellement l’économie pour une croissance forte, induisant l’amélioration du bien-être des populations, est assorti d’un document de politique national qui met l’accent sur trois axes stratégiques dont « le développement des pôles de transformation agricole, manufacturières et d’industries extractives ».
A ce forum, le directeur de cabinet du ministère de la Planification et du Développement, Essohanam Edjéou a fait savoir qu’à l’instar de nombreux pays en développement, la transformation des matières premières demeure un défi majeur pour l’économie togolaise et qu’il est, en effet admis en raison, que l’absence d’une base industrielle, solide et diversifié, bloque la capacité des Etats à promouvoir une croissance économique durable sur le long terme et créatrice d’emploi.
Il a rappelé que pour faciliter le secteur de croissance au Togo, le gouvernement, sous l’impulsion du chef de l’Etat a mis sur le Plan national d’investissement agricole et de sécurité alimentaire et nutritionnel (PNIASA 2017-2026) avec pour ambition de faire du Togo un pôle de compétitivité et de transformation agricole.
«De même, en juin 2018, il a été mis en place un Mécanisme incitatif de financement agricole (MIFA), afin d’accroitre le financement bancaire à la production et à la transformation agricole.
Des réformes de fond sur le climat des affaires ont été entreprises depuis quelques années au Togo et se sont notamment traduites par la simplification des procédures de création d’entreprises et de constitution de capital, des allègements fiscaux, l’informatisation des systèmes de délivrance de droit de propriété, la réduction de 30% du coût de raccordement à l’électricité, la révision du code des investissements et l’opérationnalisation de l’agence de promotion des investissements et de la zone franche », a ajouté M. Edjéou.
Il a révélé que ces facilités à l’investissement ont permis au Togo de progresser sur un ensemble de classements internationaux, en tête desquels figure le rapport Doing Business pour l’année 2019 où le Togo gagne 19 places et devient ainsi la seconde économie la plus attractive de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA).
LES ATTENTES DU SECTEUR PRIVÉ COMBLÉES
Le secteur privé est engagé dans un processus de partenariat public-privé pour donner corps, voire matérialiser essentiellement l’axe deux du PND mis en place par le gouvernement.
Pour le directeur général de l’Huile du Togo (Nioto), Thierry Awesso, le secteur privé a saisi les opportunités qui lui ont été présentées et découvert les atouts qui existent dans l’accomplissement de l’axe 2 du PND.
« Il s’agira à présent de voir avec les institutions bancaires et les partenaires du conseil national du patronat et le secteur privé en général, comment pouvoir matérialiser l’axe 2 du PND en saisissant des opportunités et en rentrant dans la phase active, justement de la commercialisation des produits. Le secteur privé ne peut pas rester en marge de ce développement et c’est la raison pour laquelle nous sommes totalement engagés dans ce forum pour donner corps à ces différentes idées qui feront de notre pays, un Etat émergeant » a expliqué M. Awesso.
RECOMMANDATIONS ISSUES DU FORUM
Ces recommandations sont, entre autres, la nécessité de renforcer la capacité des acteurs impliqués dans le secteur, la structuration des acteurs et la mise en place d’un cadre institutionnel approprié, l’amélioration des capacités d’absorption en agissant sur les mécanismes de financement existants, les dispositifs de crédits qui existent et tout le volet communication, vulgarisation et sensibilisation
des acteurs impliqués dans le secteurs agricole. Les promoteurs du forum ont rassuré quant aux orientations à donner aux recommandations pour que les projets agro-industriels soient financés à travers le partenariat public-privé.
«Nous avons beaucoup échangé avec les différents acteurs de développement sur les enjeux d’une promotion d’une agriculture moderne à haute valeur ajouté, mais également les enjeux de cette agriculture sur le développement de notre pays. Les recommandations qui sont issues du forum seront reversées et transmises aux autorités compétentes, afin de continuer les réflexions de la mise en œuvre des actions qui devraient être prises », a dit la commissaire générale du forum, Gnassingbé Odilia.