Léopold Sédar SENCHOR, grand poète, écrivain et homme politique, ancien président de la République du Sénégal déclarait en décembre 1975, au cours d’un colloque sur le rôle des Mathématiques dans l’enseignement supérieur : « En faisant de la mathématique, la priorité des priorités, nous rendons seulement à César ce qui appartient à César, car en ce siècle des sciences et des techniques et plus encore pour les siècles à venir, le destin même de la civilisation de l’Universel lui commande de maîtriser la mathématique». Effectivement toute innovation a pour base : les sciences Mathématiques. Les sciences mathématiques sont devenues une science essentielle dans le développement de toute nation dans le monde. Mais l’on constate depuis quelques années, au Togo, le manque d’engouement pour cette matière très importante. Une situation qui interpelle plus d’un. C’est dans le souci de remédier à cet état de choses, que la Société des Sciences Mathématiques du Togo (SSM@T) est née.
Après la création de la première des deux universités publiques que compte le Togo, il y a 45 ans, qui a vu naître le département de Mathématiques ensemble avec l’école des Sciences la même année, le bilan de l’enseignement des mathématiques reste très médiocre. Je n’en veux pour preuve que ces statistiques suivantes de 2015 qui donnent 28,43 % des enseignants en Mathématiques au premier cycle et 22,84 % au second cycle.
Peu sont, ceux qui s’intéressent et se spécialisent en Sciences Mathématiques. Idem pour les élèves! De 2013 à 2016, car le nombre de candidats au BAC série C, varie entre 325 et 568 sur un total de candidats au BAC, toutes séries confondues, variant entre 51.188 et 73.408. Ainsi, le pourcentage des candidats au BAC série C, varie entre 0,6% et 0,7%.
Au niveau de la série D, entre 2013 à 2016, le nombre total des candidats au BAC, série D, variant entre 17.634 et 27.962 sur un total de candidats au BAC, toutes séries confondues, variant entre 51.188 et 73.408. Le pourcentage des candidats au BAC, série D, varie entre 34% et 38%. Une proportion très faible d’étudiants s’oriente vers les facultés des Mathématiques, l’ingénierie, la médecine, les facultés porteurs d’avenir. Une parfaite illustration est le cas de l’Université de Kara, où, sur un effectif de 15.000 étudiants, l’on retrouve moins de 800 sont inscrits à la faculté des Sciences et Techniques et la Médecine. Au niveau de l’Université de Lomé, sur un effectif de 60.000 étudiants, à peine 8.000 sont inscrits dans les facultés des Sciences, de Médecine et d’ingénierie, soit 13,33%. Cette faible performance des élèves des séries scientifiques C et D au baccalauréat, est une conséquence directes des problèmes de l’enseignement des Mathématiques. C’est pourquoi dans l’optique de stimuler et motiver les élèves, à aimer les mathématiques, la SSM@T, préconise que les élèves togolais participent aux Olympiades panafricaines de Mathématiques de l’Union Mathématique Africaine, après un concours national. Ils ont, d’ailleurs, participé à 25e édition au Maroc en 2017, où, ils ont décroché la médaille de bronze, pour une première participation.
S’agissant des enseignants des mathématiques, la Société des Sciences Mathématiques du Togo, sous la houlette de Kokou TCHARIE, Professeur agrégé en Mathématique préconise une refonte de la formation Pédagogique des Experts nationaux sur la Méthodologie de l’enseignement des Mathématiques au Togo, et l’utilisation des Technologies de l’Information et de la Communication. Un projet ayant pour vocation de viser le renforcement des capacités des experts nationaux, en matière d’encadrement, de formation et d’enseignement des Mathématiques pour les besoins du développement de l’économie nationale et du plan stratégique du gouvernement avec l’utilisation adaptée des Technologies de l’Information et de la Communication (TICs) dans l’enseignement des Mathématiques. Créer des bases de partage des meilleures pratiques de l’enseignement des mathématiques à l’échelle nationale ; initier les experts nationaux sur l’utilisation des Technologies de l’Information et de la Communication dans la préparation et l’enseignement des cours de Mathématiques ; donner des outils de démystification de l’enseignement des Mathématiques à tous les niveaux sont entre autres les objectifs spécifiques dudit projet.
Un programme porteur, pour la revalorisation de l’enseignement des Mathématiques, dans le système éducatif togolais. La mise en œuvre de ce programme de SSM@T, s’explique par rapport à une certaine « prépondérance» des sciences Mathématiques dans le développement de toute nation et l’origine de tout progrès. Et comme le disait, l’ancien président de la République de Tunisie, Habib BOURGUIBA, lors du premier congrès panafricain des Mathématiques du 26 au 31 juillet 1976 au Maroc : « L’outil mathématique est devenu sans conteste indispensable à toute société moderne. Tout se mathématise : les Sciences, les Techniques, l’Économie, la Gestion, l’Informatique, etc. ». N’a-t-il pas raison ?
Fandongbo AYEKO