Lomé, 11 décembre 2024 À l’occasion de la Journée internationale de lutte contre la corruption, l’Autorité de régulation de la commande publique (ARCOP) a organisé, ce mercredi, un atelier à Lomé pour faire le point sur les investigations et enquêtes menées sur les irrégularités observées dans la gestion des marchés publics au Togo. Cette initiative visait à informer le public sur les efforts continus du gouvernement et de l’ARCOP pour lutter contre la corruption, un fléau qui compromet les bonnes pratiques de gouvernance et le développement du pays.
La cérémonie d’ouverture a été présidée par Monsieur Aftar Touré MOROU, Directeur général par intérim de l’ARCOP, en présence de plusieurs personnalités dont Monsieur Kimelabalou ABA, Président de la Haute Autorité de Lutte contre la Corruption et les Infractions Assimilées (HAPLUCIA), Monsieur Ayéba KPANGO, représentant du Directeur national du contrôle de la commande publique, ainsi que des responsables des marchés publics, des partenaires techniques et financiers, des acteurs de la société civile, des opérateurs économiques et des journalistes.
133 dénonciations signalées : Une lutte active contre les irrégularités
Depuis plusieurs années, l’ARCOP joue un rôle central dans le contrôle des marchés publics au Togo. Au cours des dernières années, l’ARCOP a reçu 133 dénonciations concernant des irrégularités dans la gestion des marchés publics, révélant des pratiques telles que la collusion entre soumissionnaires pour manipuler les prix des offres, le fractionnement des marchés, la surfacturation, la fausse facturation et l’influence sur les décisions d’attribution des marchés. Ces irrégularités constituent des atteintes graves à la transparence et à la concurrence loyale dans la commande publique.

L’ARCOP, pour sa part, a mis en place des mécanismes de suivi rigoureux, avec la création de canaux spécifiques pour le dépôt de plaintes, tels que le numéro vert (80008888) et son site internet. Ces démarches permettent à la population et aux acteurs économiques de dénoncer anonymement et en toute sécurité les pratiques douteuses qu’ils observent.
LE CADRE LÉGISLATIF ET INSTITUTIONNEL RENFORCÉ POUR MIEUX CONTRER LA CORRUPTION
La corruption reste un problème majeur pour les économies en développement comme celle du Togo, mais des avancées notables ont été réalisées. Le gouvernement togolais a renforcé son arsenal législatif pour encadrer et réguler les marchés publics. Le décret n°2019-297/PR, portant code d’éthique et de déontologie dans la commande publique, ainsi que la loi N°2021-O33 garantissant la protection des lanceurs d’alerte, témoignent de l’engagement du Togo dans la lutte contre la corruption.
En outre, le pays a ratifié la Convention des Nations Unies contre la corruption dès 2005, s’inscrivant ainsi dans une dynamique internationale de transparence et de bonne gouvernance.
DES RÉSULTATS CONCRETS : L’IMPACT DES INVESTIGATIONS DE L’ARCOP
La Direction des Investigations et Enquêtes (DIE) de l’ARCOP, mise en place en 2022, a conduit plusieurs enquêtes approfondies qui ont permis de mettre en lumière des pratiques frauduleuses. Ces investigations ont abouti à des sanctions contre certains opérateurs économiques et agents publics impliqués dans des malversations.
Le rapport des investigations, présenté par Monsieur Louis Messan HILLAH, Magistrat et Directeur des investigations à l’ARCOP, illustre l’efficacité de cette direction et souligne l’importance de la collaboration entre les différentes parties prenantes, notamment les autorités publiques, les opérateurs économiques, les partenaires internationaux et la société civile. Ces enquêtes permettent non seulement de sanctionner les coupables mais aussi de sensibiliser l’ensemble des acteurs à la nécessité de maintenir des standards élevés d’intégrité et de transparence.
UN ENGAGEMENT COLLECTIF POUR UNE MEILLEURE GOUVERNANCE
La lutte contre la corruption ne peut être un effort isolé. La participation active de la société civile, des journalistes et des citoyens est cruciale. Les acteurs économiques, les partenaires techniques et financiers ont également un rôle essentiel à jouer dans la surveillance des marchés publics et la promotion de la transparence. À ce titre, la coopération entre l’ARCOP et la société civile reste primordiale pour renforcer la confiance dans les institutions publiques et pour assurer une gestion éthique des ressources publiques.
L’atelier organisé par l’ARCOP a permis de rappeler l’importance d’une régulation rigoureuse des marchés publics dans la lutte contre la corruption au Togo. Les résultats obtenus grâce aux investigations menées par l’ARCOP témoignent de l’engagement des autorités togolaises à éradiquer les pratiques de fraude et à garantir une meilleure gouvernance économique. Mais cet engagement ne doit pas se limiter à une institution ou à un seul secteur ; il doit impliquer tous les acteurs de la société pour construire un avenir plus transparent, plus juste et plus prospère pour le Togo.
Par Gautier A