Moins d’un an après le démarrage de ses travaux, la toute première plateforme industrielle du Togo dénommée la Plateforme Industrielle d’Adéticopé (PIA) a été inaugurée le dimanche 6 juin par le chef de l’Etat togolais Faure Gnassingbé.
Implantée sur près de 400 hectares à Adétikopé (15 km au nord de Lomé), l’infrastructure développée par Arise IIP (dans le cadre d’un partenariat inspiré du modèle gabonais Nkok) se veut pour le pays, la matérialisation d’une nouvelle vision de développement : “produire plus localement, et être compétitif sur les marchés internationaux”, alors même que la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) est en marche.
La PIA, d’après ses promoteurs a, en effet, pour vocation la création de chaînes à haute valeur ajoutée (particulièrement dans l’industrie textile), l’approvisionnement en matières premières brutes, la fabrication sur place et l’exportation des produits finis. Le site abrite à cet effet, une zone industrielle, un parc pouvant accueillir 12.500 conteneurs, une plateforme de stockage du coton et d’autres matières premières agricoles, un terminal à camions et une zone de 200.000 m2 dédiée aux autres activités logistiques.
La plateforme est développée en deux phases. C’est la première qui a été officiellement lancée dimanche. ARISE IIP a eu la charge de la conception, du financement, de la construction et de la gestion de cette zone industrielle qui permettra la transformation locale des richesses naturelles et leur exportation. L’investissement total sera de 200 millions d’euros.
Selon les autorités togolaises, le « projet n’est qu’un exemple de ce qui peut être réalisé au Togo », lorsque le pays ainsi que tous les investisseurs et toutes les entreprises qui souhaitent sérieusement créer de la valeur œuvrent en vue d’un objectif commun.
DE GRANDES AMBITIONS
Les projections déclinées par Gagan Gupta, le patron d’Arise IIP, sont ambitieuses : ne plus exporter un seul gramme de coton brut d’ici 2023, produire d’ici quelques années via une unité de textile domestique, des dizaines de millions d’unités de serviettes, de lits et de vêtements.
Surtout, les exportations togolaises devront, selon les prévisions, passer à l‘horizon 2025, “de 75 millions $ à environ un milliard $, soit une multiplication par 12 de la valeur”. Ce qui serait “une première en si peu de temps sur le continent”, prédit Gagan Gupta.
La production devrait être également boostée au niveau du soja, du bois, du marbre, ou encore des engins électriques, assure l’investisseur qui a mobilisé pour les travaux, près de 130 milliards FCFA.
Si 35.000 emplois directs doivent être créés au cours des 04 prochaines années, la PIA voit plus grand, et envisage de porter le nombre d’emplois total à plusieurs millions d’ici 2030.
Pour le Togo, il s’agit d’un “tournant décisif pour l’industrialisation du pays”, a déclaré la cheffe du Gouvernement, Mme Victoire Tomégah-Dogbé.
Des membres du comité consultatif d’Arise IIP dont Bruno Delaye, ancien ambassadeur de France au Togo, et Carlos Lopes, économiste et conseiller de la Présidence togolaise étaient à l’inauguration.
Etaient également présents, Sergio Pimenta, vice-président de la Société Financière Internationale (SFI/Banque mondiale), et de Coralie Gevers, directrice des opérations de la Banque mondiale pour le Togo.
Outre la zone industrielle qu’elle abritera, la plateforme sera dotée d’un parc pour le stockage de conteneurs, une plateforme de stockage de coton et d’autres matières premières, une zone dédiée aux autres activités logistiques, des emprises routières, des infrastructures communes (poste de police, caserne de pompiers, centre médical, commerce, etc.) et un service à guichet regroupant tous les services et agences requis (enregistrement des sociétés, fisc, douanes, immigration.) à disposition des investisseurs et opérateurs économiques.
LA PIA BENEFICIE D’UN APPUI DE 20 MILLIARDS FCFA DE LA BOAD
La plateforme industrielle intégrée d’Adétikopé (PIA) va recevoir un appui de 20 milliards FCFA de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) indique le communique de presse du 123ème Conseil d’Administration de la banque qui a autorisé de nouveaux engagements de 95 milliards FCFA.
La BOAD appuie la création et l’exploitation d’un parc industriel et logistique au Togo dénommée PIA. Le projet a pour objet la construction et l’exploitation d’une plateforme industrielle intégrée de 132 ha à Adétikopé. L’objectif visé est de contribuer à l’amélioration de la valeur ajoutée de la production agricole et minière nationale en créant les conditions de sa transformation industrielle ainsi que l’accroissement de la capacité logistique du pays.
Avec ce projet, PIA, la joint-venture au capital de 17,6 milliards FCFA entre Arise IPP et l’État togolais veut porter l’ambition de Lomé de devenir “un hub logistique pour industrialiser la transformation locale de nombreux produits togolais, notamment issus de l’agriculture, comme le coton, la noix de cajou, le soja, le riz et le sésame, et ainsi faciliter leur exportation.”
Si la totalité des 200 millions d’euros investis initialement dans la création de l’infrastructure est assurée par Arise IIP, ce concours financier de la BOAD, une institution régionale, devrait donner un coup de booste à l’entreprise basée à Maurice, qui s’apprête à faire entrer la plateforme dans sa phase opérationnelle après plusieurs mois de retard.
« PIA TEMOIGNE UNE FOIS DE PLUS DE L’ENGAGEMENT DU TOGO POUR L’INDUSTRIALISATION »
La Plateforme industrielle d’Adétikope (PIA) traduit d’après le président togolais, Faure Gnassingbé la volonté du gouvernement de faire du pays, un hub industriel et de créer de la valeur ajoutée.
« Ce projet n’est qu’un exemple de ce qui peut être réalisé au Togo, lorsque la République du Togo ainsi que tous les investisseurs et toutes les entreprises qui souhaitent sérieusement créer de la valeur œuvrent en vue d’un objectif commun », a déclaré le chef de l’Etat, dans un communiqué publié par ARISE, développeur de la plateforme.
Le n°1 togolais s’est surtout félicité de ce que PIA « garantira que le Togo obtienne une meilleure part de la valeur ajoutée grâce au développement de l’industrie locale » et la création de plus d’emplois pour les jeunes.
D’après ses promoteurs, PIA a vocation à créer des chaînes à haute valeur ajoutée dans l’industrie textile au Togo et devrait jouer un rôle de catalyseur pour soutenir la croissance économique, l’intégration régionale et le commerce. Ceci, grâce à son écosystème intégré qui offre une gamme d’avantages fiscaux et des infrastructures modernes facilitant la production compétitive de ressources agricoles locales, notamment le coton, la noix de cajou et le soja.
Répartie sur 400 hectares, PIA accueillera des entreprises des secteurs agroalimentaire, pharmaceutique, du recyclage et de l’automobile électrique. Déjà, elle a signé un contrat avec deux premiers investisseurs : Togo Wood Industries spécialisé dans le bois et Togo Agro Ressources qui « interviendra dans la transformation du soja, particulièrement sous forme d’huile comestible ».
Des opérateurs économiques togolais notamment ceux du Conseil National du Patronat (CNP-Togo) prospectent également des opportunités d’investissements dans ce parc.