VICTOIRE ÉCRASANTE DU PARTI UNIR ET DEFIS DE LA DECENTRALISATION
Les résultats définitifs des élections régionales du 29 avril dernier au Togo confirment la large victoire du parti Union pour la République (Unir). Selon les résultats proclamés par la Cour suprême le mardi 21 mai, le parti présidentiel a remporté 137 sièges sur les 179 en jeu. Les 42 sièges restants se répartissent entre 12 autres formations politiques et des listes d’indépendants, illustrant une diversité politique malgré la prédominance d’Unir.
REPARTITION DES SIEGES
Parmi les partis d’opposition, l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) a obtenu 9 sièges, suivie de l’Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI) avec 8 sièges. Le parti BATIR et l’Union des Forces de Changement (UFC) ont chacun remporté 5 sièges. La Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP) a obtenu 4 conseillers, tandis que les Forces Démocratiques pour la République (FDR) et le Pacte Socialiste pour le Renouveau (PSR) ont gagné respectivement 3 et 2 sièges. Le Nouvel Engagement Togolais (NET), le Parti Démocratique Panafricain (PDP), le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR), ainsi que les listes d’indépendants, la Voix des Sans Voix, le Nouveau Départ et Honneur aux Paysans (HP), ont chacun obtenu 1 siège.
CONTEXTE DES ÉLECTIONS REGIONALES
C’est la première fois que le Togo organise une élection régionale. Cette étape suit l’élection des conseillers municipaux et constitue la deuxième et dernière phase du processus de décentralisation enclenché depuis 2009. Ce processus vise à rapprocher la gestion publique des citoyens et à encourager une participation plus active à la gouvernance locale.

MISSIONS DES CONSEILS REGIONAUX
Les conseils régionaux ont des responsabilités étendues, définies par les articles 233, 234 et 235 de la loi relative à la décentralisation et aux libertés locales. Parmi leurs missions figurent :
1. Gestion des propriétés : acquisition, aliénation et échange de propriétés mobilières ou immobilières.
2. Baux et contrats : gestion des baux de biens, quelle qu’en soit la durée.
3. Changement de destination : modification de l’usage des propriétés et des édifices régionaux.
4. Acceptation des dons : acceptation des dons et legs sous certaines conditions.
5. Infrastructures routières : classement, déclassement, ouverture, réhabilitation et entretien des routes et pistes régionales.
6. Projets et travaux publics : approbation des projets, plans et devis pour les travaux à exécuter.
7. Développement économique et social : définition, élaboration et adoption du programme de développement de la région.
8. Services publics régionaux : création et gestion des services publics dans le cadre fixé par la loi.
CONTROLE ET GOUVERNANCE
Le contrôle de légalité des actions des conseils régionaux sera assuré par les gouverneurs de régions, nommés par le chef de l’État. Ces gouverneurs, représentants du pouvoir central dans la région, exerceront un rôle similaire à celui des préfets de région, veillant à ce que les décisions des conseils régionaux respectent les lois en vigueur.
PERSPECTIVES D’AVENIR
La victoire du parti Unir dans ces élections régionales confirme sa forte emprise sur la scène politique togolaise. Cependant, la présence significative des partis d’opposition et des indépendants suggère une volonté de diversité et de pluralisme politique parmi les électeurs. Le succès du processus de décentralisation dépendra de la capacité des nouveaux conseils régionaux à répondre efficacement aux besoins locaux et à promouvoir un développement équilibré et inclusif.
Les élections régionales de 2024 représentent un tournant majeur pour le Togo. La mise en place des conseils régionaux, dotés de compétences étendues, offre une opportunité unique d’améliorer la gouvernance locale et de stimuler le développement régional. Les défis à venir seront nombreux, mais ces nouveaux organes décentralisés ont le potentiel de contribuer de manière substantielle à la prospérité du pays et à la participation active des citoyens dans la gestion de leurs affaires locales.
Par Gauthier A.