Le bureau des Conseils des gouverneurs du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD) a autorisé le 4 juin 2020 une revue indépendante du rapport d’enquête du Comité d’éthique des conseils d’administration dans une affaire de favoritisme impliquant Akinwumi Adesina, le président de la Banque.
« Dans le but de réconcilier les différents points de vue de chaque gouverneur dans la résolution de cette affaire, le bureau convient d’autoriser une revue indépendante du rapport du Comité d’éthique des conseils d’administration », indique une note du ministre ivoirien du Plan et du développement, Mme Kaba Nialé, présidente du Bureau des Conseils des gouverneurs de la BAD.
Ce rapport concerne notamment les allégations examinées par le comité d’éthique et les éléments fournis par le président du groupe de la Banque dans l’intérêt d’une procédure en bonne et due forme, précise le bureau du conseil des gouverneurs de la banque.
Accusé par une frange du personnel de la BAD de favoritisme au profit de ses compatriotes, Adesina Akinwumi, président de l’institution panafricaine, avait qualifié cela d’allégations, dans un communiqué.
Les soupçons portent également sur des cas de « violation du code de conduite » et d’« entrave à l’efficacité affectant la confiance dans l’intégrité » de la BAD.
Le comité d’éthique du conseil d’administration de la Banque a conduit une enquête interne et rendu sa décision dans un rapport, soutenant que les actes de gouvernance de la BAD n’entachent pas la crédibilité de l’institution et ne présentent pas de menaces internes.
Le 26 mai 2020, le Bureau du conseil des gouverneurs du groupe de la BAD a tenu une réunion pour examiner cette affaire découlant d’une plainte des lanceurs d’alerte contre le président de la BAD qui a été traitée par le comité d’éthique du conseil d’administration de la banque.
Le bureau tient à réitérer que le comité d’éthique des conseils d’administration a « rempli son rôle en ce qui concerne cette affaire, conformément à la règle applicable en vertu de la résolution +B/BG/2008/11+ du Conseil des gouverneurs », poursuit la note, qui mentionne en outre que Mme Kaba Nialé a également « rempli son rôle » en acceptant les conclusions du Comité d’éthique conformément à ladite résolution.
La revue indépendante annoncée devra être « menée par une personne neutre, intègre, de haut calibre ayant une expérience incontestable et une réputation internationale avérée, dans un délai de deux à quatre semaines maximum, en tenant compte du calendrier électoral de la banque ».
Au cours d’une période de trois à six mois, et à la suite de la revue indépendante du rapport du Comité d’éthique, le bureau annonce qu’un examen complet de la mise en œuvre de la politique de dénonciation d’abus et de traitement des griefs de la banque devra être effectué.
Cet examen de la politique de dénonciation d’abus et de traitement des griefs de la banque vise à garantir que la politique en la matière est correctement appliquée et de la réviser, le cas échéant, pour éviter à l’avenir des situations de cette autre nature.
L’actuel président de la BAD, le Nigérian Akinwumi Adesina, élu en 2015, achève son mandat quinquennal en 2020. En août 2020, pourrait se tenir une assemblée générale élective si les restrictions sanitaires liées à la Covid-19 sont revues.
LE NIGERIA S’EST OPPOSE A L’ENQUETE RECLAMEE PAR LES USA QU’IL JUGE ANTI-STATUTAIRE
Dans une lettre adressée à la ministre ivoirienne du Plan et du Développement et présidente du bureau du conseil des gouverneurs de la Banque africaine de développement (BAD), le jeudi 28 mai, le Nigéria a construit un argumentaire en 10 points. Pour le pays du président Akinwumi Adesina, l’enquête indépendante visant Akinwumi Adesina, président de la BAD, est anti-statutaire.
« La demande d’une enquête indépendante concernant le président ne relève pas des règles, procédures et du système de gouvernance de la Banque et de ses statuts en ce qui concerne le code de conduite éthique du président », déclare la représentante du Nigeria à la BAD, estimant que la disculpation récente d’Adesina suite à l’enquête du comité éthique, « a suivi les règles, procédures, directives et lois applicables de la Banque ».