Le marché unique africain du transport aérien a été lancé le lundi 29 janvier 2018 lors du 30ème sommet de l’Union Africaine à Addis-Abeba en Ethiopie. Et comme il fallait s’y attendre vu le degré d’implication de l’homme, le choix a été porté sur le Président togolais Faure GNASSINGBE pour coordonner tout ce qui concerne de près ou de loin à ce projet stratégique et important de l’agenda 2063 de l’institution panafricaine.
En effet, pour ceux qui ne le savent pas, le choix du numéro un togolais n’est pas fortuit. Faure GNASSINGBE avait entrepris un travail considérable en amont dans son pays et auprès de ses pairs en vue de concrétiser ce projet qui lui est cher. C’est dans ce cadre qu’il a commencé par transformer la plateforme aéroportuaire de Lomé en un hub aérien sûr et sécurisé. Aussi a-t-il favorisé des partenariats gagnant-gagnant entre les compagnies africaines comme celui concernant Asky et Ethiopian Airlines. Un engagement fort et une volonté manifeste qui lui valent la reconnaissance de ses pairs. Ceux-ci vont décider à l’unanimité de lui confier l’exaltante mission qu’il a su bien entamer chez lui à Lomé mais cette fois à l’échelle continentale. Le marché unique africain du Transport aérien en est un à enjeux colossaux, appelé à faire face à de nombreux défis et qui offrent des perspectives intéressantes à court, moyen et long termes.
Un marché aérien aussi immense que celui du sous-sol africain est capable de générer de gros bénéfices. D’où la nécessité de redoubler d’efforts pour en exploiter tout son potentiel pour le développement du continent africain. Il faudrait aussi amener progressivement l’Afrique à s’intégrer convenablement dans le trafic aérien mondial et à rentabiliser ses compagnies. Une projection qui passe dans un premier temps par une solidarité et union sacrée entre les pays africains. L’Afrique doit disposer d’une compagnie panafricaine digne de ce nom, forte et dynamique, qui rivalise avec les grosses pointures américaines, européennes et du Golfe. Une compagnie de cette envergure suppose aussi de gros moyens. L’enjeu aussi est de faire gagner des parts de marché supplémentaires aux compagnies africaines qui se limitent pour l’heure au seul continent alors qu’elles peuvent aussi conquérir de nouveaux horizons. Qu’en est-il des défis?
Aujourd’hui, le ciel africain est largement occupé par des compagnies européennes, asiatiques et américaines, notamment Air France, Brussels Airlines, Emirates, Turkish Arlines, Us Airlines, Jumbo Jet, pour ne citer que celles-ci. Equipées et dotées de flottes imposantes, ces compagnies étrangères assurent 85% du transport aérien africain. Ce qui veut dire que les 15% restants du marché sont gérés par les compagnies africaines dont la plupart dépourvues de moyens adéquats, végètent dans la mauvaise gestion. Une tendance à inverser à tout prix. Sur ce, Faure aura la lourde mission d’aider à trouver les financements pour équiper les compagnies panafricaines en appareils ou nouer des partenariats à l’instar de celui entre les membres de Star Alliance, la plus grande organisation aérienne civile mondiale. Celle-ci rassemble 26 transporteurs aériens dont les plus grands et compte en son sein des compagnies africaines comme South African Airlines, Egypte Air, Ethiopian Airlines, Royal Air Maroc. Star Alliance reste concurrencée par Sky Team et One World. Ces importants regroupements doivent servir d’exemples en Afrique.
Pour l’heure, 23 pays africains sont signataires de l’accord de Yamoussoukro conclu en 1999 en vue de l’ouverture du ciel africain. Entre autre: le Bénin, le Burkina-Faso, le Botswana, le Cap-Vert, la République du Congo, la Côte d’Ivoire, l’Egypte, l’Ethiopie, le Gabon, le Ghana, la Guinée-Conakry, le Kenya, le Liberia, le Mali, le Mozambique, le Nigéria, le Rwanda, le Sénégal, la Sierra Leone, l’Afrique du Sud, le Swaziland, le Togo et le Zimbabwe. Il revient au Président Faure de faire adhérer les 32 Etats restants. Un des défis surmontables pour le chef de l’Etat togolais reconnu pour sa discrète et efficace diplomatie. Sur ce plan, en tout cas, l’Union Africaine peut compter sur le dirigeant togolais qui saura multiplier les contacts avec ses pairs afin de les convaincre de la nécessité de libéraliser le secteur de l’aviation civile africaine. Les enjeux et défis ouvrent toujours sur les perspectives. Parlant de ces dernières, il faut relever que le continent doit disposer dans un proche avenir d’une politique commune de l’aviation civile. Une politique qui va impulser une forte dynamique en vue de mettre sur pied une compagnie commune du type Air Afrique ce, afin de mieux faire face à la concurrence dans le secteur. Il faudrait penser à moyen terme à construire de grands aéroports capables d’accueillir de gros porteurs et envisager aussi une industrie aéronautique africaine d’ici 25 ou 30 ans. Ce qui aura le mérite de conférer à l’Afrique son indépendance quant aux technologies et systèmes de fabrication des appareils. La population africaine s’accroît et surtout sa classe moyenne qui va devenir de plus en plus mobile. Un important marché est en gestation de ce côté. D’où la nécessité de revoir les prix pour conquérir cette nouvelle clientèle montante.
Piou TCHIN