Les actionnaires de la Banque africaine de développement (BAD) ont réélu à l’unanimité Akinwumi Adesina à la tête de l’institution pour un nouveau mandat de 5 ans. L’affaire des lanceurs d’alerte interne n’aura donc pas laissé de traces. Le Nigérian rempile donc pour un second mandat. L’Afrique frappée de plein fouet par la crise économique consécutive à la pandémie du coronavirus (COVID-19) a choisi de ne pas mettre en péril son principal outil de développement. La BAD a, en effet, fait du redressement économique la priorité de ces prochaines années. Cette reconduction est intervenue au cours des Assemblées annuelles de cette institution en visio-conférence les 26 et 27 août 2020.
Le président de la BAD, Akinwumi Adesina, qui était seul candidat à sa propre succession lors des Assemblées de l’institution, a été réélu après un vote qui s’est déroulé par voie électronique.
« Je suis profondément reconnaissant pour la confiance collective et le soutien ferme de nos actionnaires qui m’ont élu pour un second mandat à la présidence de la Banque. Nous nous appuierons sur les solides bases du succès enregistré au cours des cinq dernières années, tout en renforçant davantage l’institution, pour une plus grande efficacité et un plus grand impact », a confié Akinwumi Adesina à l’issue du vote. Le nouveau mandat a débuté le 1er septembre.
Le président de la République de Côte d’Ivoire, pays abritant le siège de la BAD, Alassane Ouattara, a insisté, à l’ouverture des travaux, sur le soutien déterminant de la Banque avec la facilité de réponse à la covid-19 qui a permis de financer et de soutenir les pays africains dans la mise en œuvre rapide des plans de lutte contre cette pandémie.
Selon les estimations de la BAD, le continent pourrait perdre au moins 173,1 milliards de dollars de PIB en 2020 et 236,7 milliards de dollars en 2021 en raison de la pandémie.
A ce jour, les restrictions et mesures de confinement strictes imposées au début de la crise, et assouplies progressivement, ont causé la fermeture en masse d’entreprises et des millions de pertes d’emplois. L’objectif est donc d’amortir le choc d’une récession d’ores et déjà envisagée.
Akinwumi Adesina a révélé que l’Afrique avait perdu plus d’une décennie des gains réalisés en matière de croissance économique. « La reprise sera longue et difficile pour l’Afrique. Nous devons maintenant aider le continent à se relever avec audace, mais aussi avec intelligence, en accordant une plus grande attention à une croissance de qualité : la santé, le climat et l’environnement», a-t-il déclaré.
L’économiste nigérian élu une première fois en mai 2015, a été plébiscité par le Conseil des Gouverneurs de la Banque. Son premier mandat marqué par un ambitieux programme dénommé « High 5 » a positivement impacté la vie de plus de 330 millions d’africains.
Au Togo, l’institution a fortement contribué à la mise en œuvre de plusieurs projets et programmes du gouvernement, particulièrement dans les domaines de l’agriculture (PAEIJ-SP, MIFA entre autres) et de la santé. Il a d’ailleurs été fait officier de l’Ordre du Mono par le chef de l’Etat, lors du lancement du mécanisme.
Etant seul en lice, le Nigérian pouvait considérer sa réélection comme une formalité, cependant après la tempête provoquée par les accusations de favoritisme et de prévarication, il avait besoin de ressouder les actionnaires derrière lui. Bien que disculpé par un comité indépendant, le président réélu de la BAD s’était vu critiquer en interne pour sa gestion du personnel entrainant le départ de nombreux cadres de la banque. Manifestement les actionnaires ont choisi la confiance car aucune voix n’a manqué à l’appel, tant chez les 54 actionnaires africains, qu’au sein du groupe de pays et d’institutions partenaires.
Adesina a capitalisé un bilan plus qu’honorable car il a réussi la plus grande augmentation de capital de l’institution, 115 milliards de dollars. Il a aussi réagi avec vigueur à la pandémie de la Covid-19, débloquant dix milliards de dollars et menant une gestion de crise applaudie par ses partenaires.
RETOUR SUR LA CRISE PREELECTORALE
« Les derniers mois (de son mandat) ont sans aucun doute été difficiles pour la banque », a reconnu M. Adesina dans un discours d’ouverture prononcé depuis son bureau en raison de la pandémie de la Covid-19. Une perche qu’ont saisie plusieurs gouverneurs de la BAD pour appeler, dans leur déclaration solennelle, à une « mise à jour du cadre d’éthique et de gouvernance » de l’institution, ajoutant qu’il y avait encore beaucoup à faire et qu’il en allait de la réputation et de la crédibilité de la banque.
La crise au sein de la BAD a commencé en janvier, avec le dépôt d’une plainte portée par plusieurs employés transformés en lanceurs d’alerte. Ces derniers avaient listé seize abus présumés et accusaient le président Adesina de comportements « contraires à l’éthique », de favoritisme (notamment dans l’octroi de postes stratégiques), d’enrichissement personnel et de « violations du code de conduite ». Des allégations qui ont conduit à l’ouverture d’une enquête interne à l’encontre de M. Adesina.
Le Nigérian Adesina est accusé par des employés anonymes d’avoir des comportements « contraires à l’éthique ».
Dans une lettre envoyée aux gouverneurs de la BAD, des lanceurs d’alerte ont dressé un bilan sans concession de la gestion de l’institution africaine. Ils accusent Akinwumi Adesina de favoritisme dans de nombreuses nominations de hauts responsables, en l’occurrence ses compatriotes nigérians. Des faits d’enrichissement personnel supposé lui sont également reprochés
Celui-ci est également accusé d’avoir nommé ou promu des personnes soupçonnées ou reconnues coupables de fraudes ou de corruption, ou encore de leur avoir accordé de confortables indemnités de départ sans les sanctionner.
Ces accusations ont été formulées alors que l’ancien ministre nigérian des Finances se prépare à briguer un second mandat à la tête de la première institution de financement du développement en Afrique.
Les lanceurs d’alerte reprochent également à Akinwumi Adesina de se servir des deniers de la BAD pour, « sa promotion et son enrichissement personnel« . Toujours selon ces mêmes sources anonymes, celui-ci aurait ainsi obtenu la propriété intellectuelle et encaissé les droits d’auteur de sa biographie, alors que celle-ci a été commandée et payée à un auteur par la Banque.
DEMENTI D’AKINWUMI ADESINA
Le président de la BAD a nié en blocs ces accusations. « Je suis totalement convaincu que sur la base de faits et de preuves, les procédures régulières d’examen et la transparence révèleront que tout cela ne constitue que des allégations fallacieuses et sans fondement », a réagi dans un communiqué Akinwumi Adesina qui a, dans la foulée annoncé, l’ouverture d’une enquête qui fera la lumière sur ce que d’aucuns qualifient de « Bad Gate ».
AKINWUMI ADESINA BLANCHI
Le président de la BAD, le Nigérian Akinwumi Adesina avait été accusé en avril dernier par des lanceurs d’alerte de favoritisme et de népotisme. Les lanceurs d’alerte qui se présentaient comme des « employés préoccupés de la BAD », ont accusé Akinwumi Adesina d’enrichissement personnel, de favoritisme dans la nomination de hauts responsables, en particulier de compatriotes nigérians, et d’avoir nommé ou promu des personnes soupçonnées ou reconnues coupables de fraude ou de corruption. Ou encore de leur avoir accordé de confortables indemnités de départ sans les sanctionner.
Des accusations jugées infondées par le panel présidé par l’ancienne présidente irlandaise, Mary Robinson, faute de preuves.